L'agence Moody's a abaissé mardi d'un cran les notes de cinq banques commerciales nippones, dont des divisions des méga-groupes Mitsubishi UFJ et Sumitomo Mitsui, et de deux assureurs, sanctions prises au lendemain de la dégradation de la note souveraine du Japon.

Ces établissements sont désormais évalués «A1», contre «Aa3» auparavant, soit la cinquième meilleure note sur l'échelle de l'agence qui a assorti cette appréciation d'une perspective stable, ce qui signifie qu'elle n'envisage pas de nouvelle modification dans un avenir proche.

La révision reflète le passage de «Aa3» à «A1» de la note du Japon, et donc de «la capacité du gouvernement à soutenir les banques».

Malgré cette décision, Moody's estime que «la volonté de l'exécutif japonais de soutenir les grandes banques demeure très élevée», rappelant l'engagement des autorités à «maintenir la stabilité financière et éviter toute faillite».

Dans le cas des groupes d'assurance-vie affectés, Nippon Life Insurance et Sony Life Insurance, l'agence évoque «leurs importants investissements dans les obligations d'État», et «leur exposition aux titres émis sur le marché intérieur, en particulier à la dette du gouvernement central ainsi que régional et local».

Moody's avait justifié lundi la dégradation de la note du Japon par «une incertitude accrue quant à sa capacité à atteindre ses objectifs de réduction de déficit budgétaire».

Elle avait également fait part de ses doutes sur «l'efficacité des mesures de relance de la croissance dans un contexte de pressions déflationnistes».

La troisième puissance économique mondiale, qui vient de retomber en récession, affiche une dette colossale (près de 250% du produit intérieur brut).

Dans le souci d'enrayer sa progression, la taxe sur la consommation a été augmentée début avril, pour la première fois depuis 17 ans, mais devant la forte contraction de l'économie, le premier ministre Shinzo Abe a décidé d'ajourner une seconde hausse à avril 2017 et de convoquer dans la foulée les électeurs aux urnes ce 14 décembre, un scrutin présenté comme un référendum sur ses «abenomics».

Ce report «pourrait avoir des avantages», selon Moody's. Toutefois, «sans une croissance nominale du PIB plus robuste» qui renforcerait les recettes fiscales de l'État, une telle décision rendra «difficilement atteignable l'objectif du gouvernement de dégager un excédent du budget primaire d'ici 2020», note l'agence.

Les investisseurs n'ont guère été émus par cette série de dégradations bancaires, qui ont touché Mitsubishi UFJ Trust and Banking, Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui Banking, Shizuoka Bank et Chugoku Bank.

À la Bourse de Tokyo, les actions des maisons-mères des trois premières, Mitsubishi UFJ Financial Group et Sumitomo Mitsui Financial Group, ont respectivement cédé 0,20% à 688,6 yens et 1,01% à 4.432 yens, alors que l'indice Nikkei a gagné 0,42%.

Les assureurs concernés, eux, ne sont pas cotés.