La croissance a ralenti en novembre dans la zone euro, ce qui confirme l'état anémique de l'économie européenne et rend encore plus urgente la mise en oeuvre d'un plan de relance.

Bon témoin de la conjoncture, l'indicateur PMI s'est replié à 51,4 en novembre, après 52,1 le mois précédent. Il est à son plus bas niveau depuis juillet 2013. Lorsqu'il dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil.

Qui plus est, les nouvelles affaires diminuent pour la première fois depuis près d'un an et demi, ce qui fait craindre un nouveau ralentissement de la croissance en décembre. Tout cela pourrait se traduire par une croissance de 0,1% à 0,2% seulement au quatrième trimestre.

Cela «ravive le spectre d'un retour à la contraction dans la région», estime Chris Williamson, économiste chez Markit, le cabinet privé qui publie le PMI, après une croissance de seulement 0,2% au troisième trimestre, selon les chiffres officiels.

«Les récentes annonces de la Banque centrale européenne (BCE) et mesures de relance adoptées n'(ont) pour l'heure produit aucun effet positif sur la croissance», estime l'économiste, qui mise sur l'institut monétaire pour agir.

Mais beaucoup, notamment les gouvernements, comptent surtout sur le plan d'investissement promis par Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne. Ce plan de 300 milliards d'euros sur trois ans a pour ambition de relancer l'emploi et la croissance sur le continent, mais ses modalités sont encore en discussion.

La répartition entre investissements publics et privés, la présence ou non d'argent frais font partie des questions les plus sensibles, après l'échec de programmes similaires, comme le pacte de croissance de 120 milliards d'euros lancé en 2012.

Espoirs sur le plan Juncker

Les grandes lignes du plan Juncker seront dévoilées la semaine prochaine, en même temps que la présentation par la Commission de ses avis détaillés sur les budgets des pays de la zone euro. Un exercice où l'exécutif européen devra trouver le bon ton face à des pays contraints aux réformes mais englués dans la stagnation économique.

À cet égard, les données PMI montrent que la France reste dans une mauvaise passe: l'activité s'est contractée pour le septième mois consécutif (PMI à 48,4 points). En outre, «la détérioration de la demande en biens et en services s'accentue».

Les nuages s'accumulent également en Allemagne, première économie de la zone euro: la croissance de l'activité globale ralentit et affiche son plus faible taux depuis juillet 2013. Le PMI allemand s'est établi à 52,1, contre 53,9 le mois précédent.

«Cela porte un coup à ceux qui pensaient que la faiblesse de l'économie en plein milieu d'année n'était que temporaire», indique Jennifer McKeown de Capital Economics.

Par secteur, la croissance de la production manufacturière dans toute la zone euro a légèrement accéléré en novembre et atteint son plus haut niveau depuis quatre mois. Elle reste toutefois modeste. Dans le secteur des services en revanche, la hausse de l'activité ralentit pour le quatrième mois consécutif et affiche son rythme le plus faible depuis décembre 2013, indique Markit.

Pour Johannes Garreis de Natixis, le risque d'une nouvelle contraction de l'activité n'est pas d'actualité, mais celui d'une «stagnation» a clairement augmenté. Moins pessimiste, Rob Wood, de Berenberg, estime que l'avenir devrait s'éclaircir au début de l'année prochaine grâce à l'action combinée de la BCE, à la baisse des prix du pétrole et de l'euro.

Seul bémol, selon lui, la situation en Ukraine, qui pourrait s'aggraver et peser sur la confiance des Européens.