Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, affirme que les exportations perdues dans la foulée de la crise financière ne seront jamais récupérées, mais il se dit néanmoins confiant de voir autre chose les remplacer.

Pour ce faire, les entreprises qui ont survécu à la crise devront prendre de l'expansion ou de nouvelles sociétés exportatrices devront être créées.

«Non seulement le secteur canadien des exportations a réduit la production et mis à pied des travailleurs, mais aussi de nombreuses entreprises ont procédé à une restructuration et beaucoup ont tout simplement disparu», a affirmé M. Poloz dans le texte préliminaire d'un discours qu'il devait livrer lundi devant le Conseil canadien des sociétés publiques-privées.

«Lorsque les entreprises procèdent à une compression des effectifs ou à une relocalisation, ou encore ferment leurs portes, les effets sur l'économie sont permanents. On ne regagnera pas ces exportations perdues.»

M. Poloz a indiqué qu'une récente étude de la banque centrale avait montré que la valeurs des exportations canadiennes d'environ 500 catégories de produits non énergétiques affichant une tenue décevante avait retraité de plus de 75 pour cent depuis 2000.

Selon le gouverneur, ces exportations auraient ajouté une valeur de 30 milliards $ aux exportations de l'an dernier si elles avaient plutôt progressé avec la demande étrangère pendant cette période.

Le patron de la banque centrale a en outre évoqué certains des «vents contraires» qui, selon lui, retiennent la reprise économique mondiale. Ceux-ci comprennent la présence d'incertitudes comme la volatilité des marchés, les problèmes géopolitiques et les sociétés toujours affaiblies par la crise.

Lors d'une conférence de presse suivant son discours, M. Poloz a précisé qu'il s'attendait toujours à une hausse des nouvelles entreprises d'exportation.

«Nous avons créé de nouvelles entreprises, mais, au résultat net, la population d'entreprises ne semble pas encore avoir commencé à croître», a-t-il dit en réponse à une question au sujet de sa «déception en série» dans l'attente d'une réémergence des exportations canadiennes.

«Alors, une vraie reprise autosuffisante aura cette caractéristique: une croissance dans la population des entreprises. Et plusieurs d'entre elles seront des sociétés d'exportation (...) Je crois que cela demande simplement plus de patience que je ne l'avais d'abord cru.»

La Banque du Canada estime qu'il faudra encore deux ans à l'économie canadienne pour qu'elle atteigne sa pleine capacité, a ajouté M. Poloz.

La crise a eu des effets négatifs durables sur le marché de l'emploi, entraînant avec elle un taux de création d'emplois inférieur à celui attendu d'une économie en reprise.

Le nombre total d'heures travaillées n'a pratiquement pas bougé et plus de 900 000 travailleurs à temps partiel au Canada préféreraient occuper des postes à temps plein, a ajouté M. Poloz.

Il affirme en outre compter environ 200 000 jeunes sans emploi, sous-employés ou de retour sur les bancs d'école dans l'espoir d'améliorer leurs perspectives d'embauches.

«Je parie qu'à peu près tout le monde dans la salle connaît au moins une famille dont les enfants majeurs ont élu domicile au sous-sol», lance M. Poloz dans son discours préparé.

«Je doute fort que ces jeunes aient pris une retraite anticipée.»

La Banque du Canada croit malgré tout que le dommage au marché canadien de l'emploi pourra être renversé avec le temps alors que la demande pour les exportations prendra de l'importance et que l'incertitude quant à l'avenir s'atténuera.