Il n'y a pas de doute que le mois d'octobre a été éprouvant pour les investisseurs, avec les secousses boursières qu'on a connues. Pourtant, la conjoncture planétaire n'est pas aussi alarmante que Wall Street semble l'indiquer.

En fait, il y a au moins une raison d'être optimiste: les États-Unis. La première puissance mondiale a retrouvé la forme, confirment divers indicateurs, et pourrait encore jouer son rôle de locomotive de l'économie mondiale. Voici six facteurs qui militent en faveur d'une reprise américaine contagieuse.

Le secteur manufacturier s'active

Les manufacturiers américains augmentent la cadence. En septembre, leur production a grimpé de 0,5% et, surtout, le taux d'utilisation de leurs usines (79,3%) - un indicateur important de leur rentabilité - est à un sommet depuis juin 2008. Et l'avenir semble prometteur si l'on se fie à un nouveau sondage du Boston Consulting Group auprès de 252 dirigeants de grandes entreprises: plus de la moitié (54%) d'entre eux envisage de ramener une partie ou la totalité de leur production en sol américain, le fameux «reshoring». C'est 20% de plus que l'an dernier.

Ford, FedEx et les autres embauchent

L'économie américaine redevient une machine à fabriquer des emplois. Le mois dernier, Washington a recensé 248 000 créations d'emplois et, même si les salaires augmentent peu, le taux de chômage a reculé à 5,9% - son plus bas niveau en six ans. Et ça continue. La semaine dernière, les demandes d'assurance-emploi aux États-Unis sont tombées à un creux de 14 ans dans la foulée des milliers d'embauches annoncées par FedEx, Gap et Ford, notamment.

Les consommateurs en forme

L'ambiance dans les magasins s'annonce festive pour la fin de l'année. Le moral des consommateurs est à un sommet en deux ans. Si bien que la NRF (National Retail Federation), qui regroupe la majorité des détaillants américains, s'attend à une hausse des dépenses de 4,1% pour novembre et décembre - pour une manne de 617 milliards US en deux mois. C'est une croissance supérieure à celle de 2013 (+3,1%) pour cette période qui inclut la Thanksgiving, Noël et le Nouvel An, tous riches en achats.

Prix du brut: un «cadeau du ciel»

Les automobilistes américains ne l'ont pas eu aussi facile depuis trois ans. La glissade des prix du pétrole - 24% depuis le sommet de 2014 - a fait chuter les prix de l'essence à près de 3$US le gallon en moyenne vendredi au pays, soit un recul de 15% depuis juin. Un «cadeau du ciel», exultent les économistes de JPMorgan, ce qui va remettre 60 milliards US dans les poches des Américains... si les cours du brut ne remontent pas brusquement. Vu l'importance de la consommation - 70% de l'économie américaine -, l'essence bon marché ajoutera 0,5 à 0,6% à la croissance en 2015.

Washington et America inc. plus solides

Le monde des affaires et le gouvernement américain reposent aujourd'hui sur des bases plus solides. Les coffres des sociétés de l'indice S&P 500 sont remplis de quelque 1600 milliards US de liquidités - un record - et leur niveau d'endettement (ratio dette-bénéfices) est à un creux de 24 ans, selon Bloomberg. Pour sa part, Washington a vu son déficit budgétaire chuter à un creux de six ans. Le déficit des États-Unis s'est établi à 483 milliards US pour l'exercice budgétaire 2014 (achevé en septembre), en baisse de 29% sur un an. Il ne représente plus que 2,8% du PIB (produit intérieur brut), ce qui n'avait pas été observé depuis 2007.

Des prix et des taux au plancher

La hausse du billet vert, par rapport aux autres devises mondiales, est une bonne nouvelle pour les fournisseurs canadiens et européens, dont les produits sont de plus en plus attrayants pour les Américains. De plus, avec des biens importés moins coûteux, l'inflation aux États-Unis demeure sous le seuil de tolérance de la Réserve fédérale, si bien que les taux d'intérêt demeureront au plancher «plusieurs mois», affirme Goldman Sachs. Bref, il y a beaucoup de carburant dans le réservoir américain.