Le Portugal sera en mesure de respecter son objectif budgétaire cette année, grâce à un surplus de recettes de plus de 1,6 milliard d'euros qui a effacé l'impact sur les comptes des récentes décisions de la Cour constitutionnelle, a annoncé jeudi le gouvernement.

Le deuxième budget rectificatif «garantit le respect du plafond de 4% du PIB fixé pour le déficit public sans avoir recours à de nouvelles coupes dans les dépenses ou une augmentation d'impôts», a assuré la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque.

Grâce à l'amélioration sur le front de l'emploi, l'État pourra encaisser des recettes fiscales de près de 37 milliards d'euros (53,9 milliards de dollars), soit 1,16 milliard de plus que prévu.

La Sécurité sociale dégagera de son côté un excédent de 764 millions d'euros, soit 504 millions de plus que budgété, selon le document publié par l'exécutif.

Le gouvernement a amélioré son pronostic pour le taux de chômage, qui devrait se situer cette année à 14,2%, contre 15,4% estimés en avril.

Dans le même temps, il a revu légèrement en baisse sa prévision de croissance pour 2014, tablant désormais sur une hausse du PIB de 1%, contre 1,2% auparavant. La nouvelle estimation est cependant supérieure à la prévision de 0,8% sur laquelle avait été bâti le budget.

La croissance est soutenue «par la consommation intérieure, qui contribue à une hausse des recettes fiscales, et par l'évolution positive de l'emploi», mais elle est pénalisée par «un ralentissement du commerce extérieur» dans la zone euro, a commenté Mme Albuquerque.

Interrogée, la ministre n'a cependant pas chiffré l'impact sur l'économie du pays de la débâcle de la plus grande banque privée du pays, Banco Espirito Santo, sauvée de la faillite le 3 août dernier.

Sorti en mai de son plan de sauvetage international, le Portugal a échappé à la récession grâce à un rebond de l'activité économique au deuxième trimestre (+0,6%), après une baisse du PIB de 0,6% sur les trois premiers mois.

Le budget bénéficie de l'embellie du marché de l'emploi, qui génère une «réduction des indemnités chômage et une hausse des recettes fiscales et cotisations sociales», a fait valoir le gouvernement.

L'augmentation des recettes permet selon Mme Albuquerque de «combler intégralement» le trou budgétaire de 860 millions d'euros engendré par l'invalidation en mai par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d'austérité.

Parmi ces mesures censurées figurait une baisse des salaires des fonctionnaires supérieurs à 675 euros, qui ne sera remplacée que partiellement par d'autres coupes.

Le gouvernement compte ainsi instaurer dès septembre une réduction de 3,5% à 10% des salaires des fonctionnaires à partir de 1500 euros, une mesure validée à la mi-août par la juridiction suprême du Portugal jusqu'à fin 2015.

La hausse des recettes due à l'embellie du marché du travail tombe à pic alors que le Portugal a dû inscrire au budget 2014 sa contribution de 3,9 milliards d'euros au renflouement de Banco Espirito Santo.

Cette mesure exceptionnelle ne sera pas prise en compte pour l'objectif du Portugal de réduire son déficit à 4% du PIB, négocié avec ses créanciers, a réitéré la ministre des Finances.

Le gouvernement a été cependant amené à revoir à la hausse sa prévision pour la dette publique qui devrait finalement atteindre 130,9% du PIB en fin d'année, contre 130,2% prévus auparavant, en raison de l'intégration dans le budget des comptes de plusieurs entreprises publiques.