La production manufacturière chinoise a crû en août à un rythme nettement ralenti, selon un indicateur provisoire publié jeudi par la banque HSBC, nouveau signe de l'essoufflement que connaît la deuxième économie mondiale.

L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par HSBC pour le pays s'est établi à 50,3 ce mois-ci, contre 51,7 en juillet - ce qui représentait son plus haut niveau depuis un an et demi. L'indice définitif pour août sera publié le 1er septembre.

Un chiffre supérieur à 50 marque une croissance de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.

L'indice PMI de HSBC avait dépassé 50 en juin pour la première fois depuis décembre, reflétant la soudaine reprise du secteur manufacturier après les contractions du premier trimestre sur fond de morosité de la conjoncture.

Mais ce rebond semble désormais s'essouffler.

«Les nouvelles commandes, à la fois en Chine et à l'international, ont sensiblement ralenti (...). Les chiffres suggèrent que la reprise économique se poursuit, mais sa dynamique est clairement entravée», a commenté Qu Hongbin, économiste de HSBC cité dans un communiqué.

Dans ces conditions, «la demande industrielle et les investissements devraient à leur tour connaître un refroidissement», a-t-il prédit.

Alors que la croissance économique chinoise était descendue à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, Pékin avait introduit à partir d'avril des mesures pour stimuler l'activité. Ce qui avait permis une légère remontée (à 7,5%) au deuxième trimestre.

Le gouvernement a notamment adopté des réductions fiscales, des mesures pour encourager les investissements dans les infrastructures, et a procédé à des assouplissements très ciblés de politique monétaire - notamment en direction du crédit aux petites entreprises.

Mais le regain de vigueur de l'économie a fait long feu: la production industrielle a nettement ralenti en juillet, selon des chiffres officiels, tandis le volume de prêts bancaires s'effondrait, faute de demande.

«La chute de l'indice PMI (de HSBC) n'est pas très surprenante après les statistiques économiques décevantes» de juillet, a souligné Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

«Il semble que le gouvernement réduit ses interventions (pour stimuler l'économie) et le soutien via des dépenses dans les infrastructures commence à se restreindre», a-t-il ajouté.

La reprise de la fin du deuxième trimestre «était largement due aux mesures de relance des autorités et n'avait pas de dynamique autonome», abondaient les experts de la banque Barclays.

La Chine s'est fixé pour 2014 un objectif de croissance annuelle de 7,5%.

Or les écueils restent importants: le repli persistant du marché immobilier ces derniers mois pourrait miner sévèrement l'économie (immobilier et construction représentant directement et indirectement presque un tiers du PIB chinois).

Si les dirigeants chinois ont exclu tout plan de relance massive, «il leur faudra néanmoins renforcer leurs coups de pouce pour consolider la reprise», a estimé Qu Hongbin, qui table sur le maintien de politiques monétaire et fiscale «accommodantes».

«Le gouvernement a le choix entre tolérer un ralentissement de la croissance ou bien prendre des mesures de relance plus vigoureuses face au retournement du marché immobilier et aux incertitudes concernant la demande extérieure», soulignaient les experts de Barclays.

Selon eux, le gouvernement devrait rester soucieux d'atteindre son objectif de croissance, ce qui rendra «inévitables» des assouplissements monétaires accrus.