La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine, a ralenti en juin à 2,3%, selon des chiffres officiels publiés mercredi, une modération qui pourrait ouvrir la voie à des mesures accrues pour stimuler l'activité économique.

Ce ralentissement de l'inflation est un peu plus marqué que ce qu'attendaient les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires (+2,4%). Les mois précédents, la hausse des prix avait fortement accéléré, passant de 1,8% en avril à 2,5% en mai, au plus haut en quatre mois.

L'inflation reste cependant toujours très en deçà du plafond annuel de 3,5% fixé en mars par Pékin, soucieux d'endiguer toute flambée des prix et de contenir les mécontentements sociaux. L'inflation en Chine s'était maintenue à 2,6% en 2013.

Selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS), l'indice est resté principalement tiré le mois dernier par les prix alimentaires, qui ont grimpé de 3,7% sur un an --ce qui représente néanmoins un ralentissement sensible par rapport aux +4,1% enregistrés en mai.

Dans le détail, les prix des fruits frais ont grimpé le mois dernier de 19,8% par rapport à juin 2013, ceux des oeufs de 13,1%, tandis que les produits laitiers se renchérissaient de 9,9%.

En revanche, le net recul des prix du porc (-2,7% sur un an) a contribué à modérer la tendance.

Des analystes avaient mis en garde au printemps contre les risques de tensions déflationnistes en Chine -- sur fond de ralentissement de la deuxième économie mondiale et de faiblesse de la demande intérieure -- mais l'accès de fièvre des prix en mai avait apaisé ces inquiétudes.

Et de l'avis général, après s'être établie à 2,3% sur l'ensemble du premier semestre 2014, l'inflation devrait rester contenue sur le reste de l'année, certains experts s'attendant même à une stabilisation au rythme actuel.

«L'inflation reste très en deçà de la cible gouvernementale des 3,5%, donc cela laisse une large marge de manoeuvre pour mettre en place de nouvelles mesures de soutien à l'activité, afin de concrétiser l'objectif de croissance économique de 7,5% fixé pour 2014», soulignait Ting Lu, expert de Bank of America Merrill-Lynch.

Alors que la croissance a glissé à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, Pékin a adopté depuis avril plusieurs salves de mesures pour doper les investissements dans les infrastructures et l'activité des petites et moyennes entreprises --notamment via des réductions fiscales et des assouplissements destinés à encourager les prêts bancaires.

Mais «les coût de financement pour les entreprises restent élevés (...), de nouveaux assouplissements monétaires pour l'ensemble du système devraient donc s'avérer nécessaires pour conforter la confiance des acteurs économiques», estimaient les experts de la banque australo-néozélandaise ANZ.

Certains économistes s'attendent à une baisse générale de 25 points de base des taux de réserves obligatoires imposés aux établissements bancaires, pour les inciter à assouplir leurs conditions de crédit --et donc aider les entreprises à se financer.

En revanche, la conjoncture devrait rester marquée par les dangers associés au marché immobilier, qui connaît depuis début 2014 un net refroidissement après des années de surchauffe, avertissaient des analystes de Barclays mercredi.

De son côté, l'indice mesurant l'évolution des prix à la vente des produits à leur sortie d'usine (PPI) s'est replié en juin de 1,1% sur un an --un recul toutefois bien moins prononcé qu'en mai (-1,4%), a indiqué mercredi le BNS.

Le PPI, considéré comme prédictif des futures tendances des prix à la consommation, est négatif depuis plus de deux ans, et si le nouveau recul en juin montre que la demande industrielle reste fragile, il témoigne néanmoins d'une amélioration --qui devrait se confirmer dans les prochains mois, selon ANZ.