La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé son principal taux directeur à 0,15% lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire, un nouveau plus bas historique, a annoncé jeudi un porte-parole.

Le loyer de l'argent en zone euro stationnait à 0,25% depuis le mois de novembre.

La BCE a également abaissé son taux de prêt marginal à 0,40% (contre 0,75%) et surtout porté en territoire négatif son taux de dépôt, à -0,10%, une mesure inédite pour une grande banque centrale. Il stagnait à 0% depuis juillet 2012.

Ces mesures étaient largement attendues par les analystes et les marchés face à l'inflation très faible qui prévaut depuis des mois en zone euro et à une croissance qui peine à décoller (+0,2% au premier trimestre).

La hausse des prix a atteint 0,5% en mai, selon une première estimation, après 0,7% en avril et 0,5% en mars. Soit très loin de l'objectif de la BCE qui est d'assurer une inflation proche mais en dessous de 2%, gage selon elle de stabilité des prix et de progression harmonieuse de l'activité économique.

Ses responsables, après avoir longtemps espéré un rebond qui ferait taire la menace d'un glissement en déflation de la région, synonyme de baisse généralisée des prix et des salaires et par conséquent de l'activité économique, ont finalement admis qu'il se faisait trop attendre et qu'une intervention était nécessaire.

En portant son taux de dépôt à un niveau négatif, la BCE espère pousser les banques à prêter davantage aux entreprises et ménages, afin d'encourager la croissance. En effet, les banques vont être désormais contraintes de payer pour stocker leur argent auprès de la BCE.

La BCE espère aussi peser sur le niveau de l'euro, qui s'est nettement apprécié depuis quelques mois. En effet, si les banques sont dissuadées de laisser leurs euros à la BCE, elles pourraient chercher des placements ailleurs, dans d'autres monnaies, faisant baisser la valeur de la monnaie unique européenne.

D'autres annonces sont attendues lors de la conférence de presse mensuelle du président de l'institution monétaire de Francfort, Mario Draghi. Il pourrait en particulier annoncer un nouveau crédit à long terme (LTRO) aux banques, soumis cette fois à la condition qu'elles prêtent à leur tour contrairement aux deux LTRO à trois ans lancés précédemment par la BCE. Une prolongation d'un an, jusqu'à mi-2016, de plusieurs opérations de prêts illimités de court terme aux banques est aussi envisageable.

Par ailleurs, M. Draghi doit dévoiler les nouvelles projections de croissance et d'inflation réalisées par ses services. Pour le moment, elle table sur une hausse du PIB de 1,2% en 2014, de 1,5% en 2015 et de 1,8% pour 2016. Quant aux prix, elle attend pour l'instant une hausse de 1% en 2014, puis de 1,3% en 2015 et 1,5% en 2016, des chiffres qui seront sans doute révisés en baisse de l'avis des analystes.