La menace d'une amende record pour BNP Paribas aux États-Unis pourrait avoir des conséquences en Belgique, car elle pourrait priver de dividendes l'État belge, actionnaire de la banque, et réduire la valeur de sa participation, ont souligné samedi les médias belges.

La Belgique détient 10,3% du capital du groupe BNP-Paribas par l'intermédiaire de la Société fédérale de participations et d'investissements et cette participation a fait rentrer 192 millions d'euros dans les caisses de l'État 2013.

Accusée d'avoir enfreint l'embargo américain à l'encontre de pays comme le Soudan ou l'Iran, BNP Paribas pourrait écoper d'une amende de plus de 10 milliards de dollars et d'un retrait de sa licence outre-Atlantique, selon le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier non identifiées.

BNP Paribas a les moyens de payer et l'amende n'aura aucune conséquences pour l'épargne des clients de BNP-Paribas-Fortis en Belgique. Mais l'amende aura un effets sur les résultats avec une perte nette de 500 millions d'euros, estiment les analystes cités par le quotidien économique belge l'Echo.

BNP-Paribas pourrait puiser dans ses fonds propres (91 milliards d'euros), mais l'opération serait mal accueillie car la Banque Centrale Européenne soumet les banques européennes a un test de résistance. Une amende de 10 milliards de dollars (7,35 milliards d'euros) «ramènerait le ratio de solvabilité de la banque de 10,5% à 9,5%, ce qui reste supérieur aux 9% imposé par l'UE, mais risque d'inquiéter les marchés», souligne Jean Sassus, analyste financier auprès de la banque d'affaires Oddo.

L'autre option est de ne pas verser de dividendes à ses actionnaires en 2014 avec pour conséquences une perte de rentrées pour le budget de la Belgique.

L'État belge a un second motif d'inquiétude: le cours de l'action a clôturé vendredi à 51,37 euros. Or la Belgique a acheté sa participation à 58 euros et veut se désengager de la banque.

Le cours risque de rester sous pression un certain temps, estime Christophe Nidjam, analyste pour Alpha Value.

La sanction infligée aux États-Unis pourrait avoir des conséquences pour la banque de financements et d'investissements de BNP Paribas, avertissent les analystes.

«L'État belge doit savoir ce qu'il veut car après l'opération, si BNP doit couper la banque d'investissement en deux, la BNP ne cotera plus à 50 mais à 30», explique Jean Sassus.

Le gouvernement belge expédie les affaires courantes depuis les élections législatives du 25 mai, le temps que les partis s'entendent sur la coalition qui gouvernera le royaume.