L'Ukraine va plonger dans une profonde récession cette année et la Russie pourrait suivre le même chemin, en raison de la crise ukrainienne qui fait peser un risque sur l'économie mondiale, a averti mercredi la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

«La crise en Russie et en Ukraine a un impact sévère sur les économies des deux pays et menace de ralentir la reprise dans l'ensemble de la région (où intervient) la BERD, voire de la stopper totalement», a mis en garde la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, à l'ouverture de sa réunion annuelle à Varsovie.

Selon les nouvelles prévisions de l'institution basée à Londres, fondée en 1991 pour favoriser le passage des pays de l'ex-bloc soviétique à l'économie de marché, l'économie ukrainienne, tout juste sortie fin 2013 de plus d'un an de récession, devrait se contracter de 7% en 2014 et l'économie russe rester au point mort.

En 2015, l'Ukraine devrait stagner et la croissance russe s'établir à 0,6%.

En janvier, avant que la crise n'explose dans le pays, la BERD misait sur une croissance de 1,5% cette année en Ukraine, et de 2,5% en Russie.

Le Fonds monétaire international (FMI), qui a donné fin avril son feu vert à un plan d'aide de 17 milliards de dollars sur deux ans en faveur de l'Ukraine, table pour sa part sur une contraction de 5% de l'économie ukrainienne cette année.

Impact sur l'économie mondiale

Soulignant le «niveau élevé d'incertitude» qui entoure ses prévisions, la BERD dévoile un autre scénario «plus négatif», prenant en compte des sanctions financières contre la Russie, qui verrait l'économie russe connaître elle aussi la récession et celle de l'Ukraine s'enfoncer encore plus.

«À ce point-là, la crise entre la Russie et l'Ukraine commencerait à avoir un impact sur l'économie mondiale», met en garde l'institution.

Fin avril, le FMI avait estimé que la crise ukrainienne avait déjà plongé la Russie en récession.

Après la sécession de la Crimée, l'Ukraine est de nouveau menacée de partition comme l'illustre le référendum d"indépendance» de dimanche dans le Donbass, tandis que les violences se poursuivent. Sept soldats ukrainiens ont ainsi péri mardi dans l'est du pays lors d'une attaque au lance-roquette des insurgés pro-russes.

Déterminée à aider l'Ukraine, la BERD avait indiqué début mars qu'elle était prête à y investir au moins 5 milliards d'euros d'ici 2020. Mardi, elle a signé par ailleurs avec le gouvernement ukrainien un accord de lutte contre la corruption qui pourrait aider le pays à regagner la confiance des investisseurs internationaux.

«Combattre la corruption en Ukraine est devenu de plus en plus urgent à cause de l'impact que cela a sur la volonté des entreprises d'investir dans le pays», a insisté la BERD à cette occasion.

Sous le poids de la crise ukrainienne, la BERD, qui investit depuis sa création dans les pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale mais a étendu son action à la Turquie et à l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient, a révisé drastiquement en baisse ses prévisions globales pour l'ensemble de sa région d'intervention.

Elle table désormais sur une croissance de 1,4% cette année dans la zone alors qu'elle misait encore en janvier sur 2,7%. En 2015, une croissance de 1,9% est possible, selon la BERD, mais uniquement si la crise ukrainienne ne s'aggrave pas.

En 2013, la région d'intervention de la BERD a connu une croissance de 2,3%.

Libye et Chypre

Réunie à Varsovie jusqu'à jeudi, près de 25 ans après la chute du mur de Berlin et dix ans après l'entrée dans l'UE de huit anciens pays communistes dont la Pologne, la BERD devrait se prononcer par ailleurs sur l'adhésion de la Libye à la Banque.

Les 66 actionnaires de la BERD (64 pays, l'UE et la Banque européenne d'investissement)décideront également si Chypre peut recevoir des financements temporaires de la part de l'institution.

En 2013, la BERD a investi 8,5 milliards d'euros dans 392 projets.