La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi son principal taux directeur inchangé au niveau historiquement bas de 0,25%, lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire délocalisée à Bruxelles.

Cette décision était largement attendue par les analystes, après le léger rebond de l'inflation en avril et alors que les derniers indicateurs publiés confirment la poursuite de la reprise économique en zone euro.

Les données disponibles «suggèrent que la BCE n'a nul besoin d'agir maintenant», a estimé Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg, soulignant: «la crise systémique de l'euro est finie, l'économie a retrouvé une tendance à la croissance début 2014, les principaux indicateurs restent optimistes et les conditions du crédit se relâchent».

Quant aux prix en zone euro, ils ont augmenté de 0,7% en avril sur un an, après seulement 0,5% en mars. Cela reste toutefois loin de l'objectif de moyen terme de la BCE d'une inflation proche, mais sous la barre des 2%.

Pour autant, le président de l'institution monétaire de Francfort, Mario Draghi, continue d'affirmer ne pas anticiper de déflation, synonyme de baisse générale des prix. Il estime même que l'inflation a atteint un plancher et devrait remonter progressivement.

Si le niveau des prix devait encore fléchir en mai, la situation deviendrait cependant très inconfortable pour la BCE.

Déjà, la plupart des analystes pronostiquent qu'elle devra en juin réviser à la baisse sa prévision d'inflation pour 2014, lors de l'actualisation de ses projections macroéconomiques. Certains anticipent qu'elle pourrait alors relâcher sa politique monétaire, ou annoncer de nouvelles mesures non conventionnelles pour soutenir la croissance.

Les analystes n'attendent pas davantage d'annonces de mesures non conventionnelles lors de la conférence de presse du président de la BCE, Mario Draghi, à compter de 7h30 (heure de Montréal).

Attentes sur les changes

Cependant «les opérateurs (de marché) sont impatients d'entendre comment Mario Draghi compte stopper le renforcement de l'euro face au dollar», expliquait Markus Huber, de chez Peregrine & Black.

Vers 7h00, la devise européenne s'échangeait à 1,3945 dollar.

Les pressions politiques se sont accentuées sur la BCE, note Carsten Brzeski, d'ING, avec des demandes aussi variées que le sont les situations des 18 pays de la zone euro.

«La liste des souhaits va d'un affaiblissement du taux de change à une baisse de taux, en passant par un soutien aux PME, le rachat d'obligations ou des changements apportés au mandat de la BCE», constate-t-il, dubitatif sur le succès de ces sollicitations. «Il devrait se savoir qu'une pression publique sur la BCE est plutôt contreproductive», souligne l'analyste.

Le taux de change, avec un euro qui s'est nettement apprécié par rapport au dollar ces derniers mois, est une préoccupation clairement affichée par le gouvernement français. Mais il a aussi pesé sur les performances des entreprises allemandes au premier trimestre, ont-elles fait savoir.

Les responsables de la BCE ont eux-mêmes alimenté les attentes en multipliant les déclarations sur l'effet négatif de l'appréciation de l'euro sur le niveau des prix. Mais pour les analystes d'Aurel BGC, «seule une nouvelle phase d'appréciation de la devise européenne appellerait à en corriger l'impact».

Si elle agissait, la BCE privilégierait une augmentation de la mise à disposition de liquidités pour les banques, selon Howard Archer d'IHS, au travers par exemple d'une nouvelle opération de prêt à long terme (LTRO).