Sortie timidement en 2013 de sa deuxième récession en cinq ans, l'Espagne a enregistré au premier trimestre sa plus forte croissance du PIB depuis le début de la crise, il y a six ans, à 0,4%, selon les estimations de la Banque d'Espagne publiées jeudi «Selon les informations disponibles, encore incomplètes, nous estimons que le PIB a augmenté de 0,4%» au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, écrit la Banque d'Espagne dans son bulletin économique mensuel, considérant que la quatrième économie de la zone euro a ainsi «prolongé la reprise progressive de son activité».

Ses estimations sont généralement vérifiées par les chiffres officiels.

Si elle est confirmée, cette croissance de 0,4% serait la plus forte enregistrée en Espagne depuis le premier trimestre 2008, lorsque le PIB avait crû de 0,5%. L'Espagne avait en 2008 était doublement frappée par l'éclatement de la bulle immobilière et la crise financière mondiales, qui ont plongé le pays dans une profonde crise et deux récessions.

L'Espagne a enregistré une timide croissance de 0,1% au troisième trimestre 2013, qui s'est renforcée au dernier trimestre avec une hausse de 0,2%.

«Au cours du premier trimestre 2014, l'économie espagnole a prolongé la trajectoire de reprise progressive de l'activité, dans un contexte qui a vu une nouvelle avancée de la normalisation sur les marchés financiers et la consolidation graduelle de l'amélioration sur le marché du travail», affirme la Banque d'Espagne.

Le régulateur cite notamment la «légère» amélioration de la demande interne, longtemps plombée dans un pays miné par le chômage. Cette augmentation se caractérise par «la progression de la consommation des ménages et l'investissement des entreprises» mais aussi une «nouvelle baisse de l'investissement résidentiel».

Objet de toutes les inquiétudes ces dernières années, après le pic de tensions atteint à l'été 2012, la quatrième économie de la zone euro a désormais recouvré la confiance des marchés.

La Banque d'Espagne avait annoncé il y a un mois qu'elle tablait sur une croissance de 1,2% cette année et de 1,7% en 2015.

Le ministre espagnol de l'Économie Luis de Guindos a amélioré mercredi les prévisions du gouvernement, attendant désormais une croissance du PIB «en moyenne d'environ 1,5%» entre 2014 et 2015, alors que le gouvernement tablait jusque-là sur une croissance de 1% en 2014 puis 1,5% en 2015.

Même si la Banque d'Espagne se montrait jeudi relativement optimiste quant au marché du travail, l'emploi reste le principal point noir de l'économie espagnol. Luis de Guindos a qualifié de «terrifiant» le niveau du taux de chômage, qui, à 26,03% reste proche du record historique.

Le taux de chômage revu à la baisse

Le taux de chômage de l'Espagne a été revu à la baisse pour le dernier trimestre 2013, passant de 26,03% à 25,73%, a indiqué jeudi l'Institut national de la statistique (INE), après un changement de base de comparaison.

L'Ine explique dans un communiqué que le taux de chômage est désormais calculé par rapport au recensement 2011, et non plus aux chiffres de 2001, ce qui «implique la révision» des données trimestrielles depuis le premier trimestre 2002.

Selon ce nouveau calcul, les taux de chômage enregistrés depuis le début de la crise, en 2008, baissent tous légèrement.

En 2013, le chômage reste à un sommet record malgré cette correction: il atteignait 26,94% de la population active au premier trimestre, contre 27,16% précédemment annoncé, puis est passé à 26,06% au deuxième trimestre (contre 26,26%) et à 25,65% au troisième trimestre (contre 25,98%).

Les chiffres du premier trimestre 2014, qui seront publiés le 29 avril, seront comparables à cette nouvelle série, précise l'INE.

Après avoir été portée pendant plus d'une décennie par le marché immobilier et le secteur de la construction, l'économie espagnole, quatrième de la zone euro, avait été frappée doublement en 2008 par l'éclatement de la bulle et la crise financière internationale.

Le taux de chômage, qui avait atteint un plancher historique, à 7,93% (selon les données révisées jeudi) au deuxième trimestre 2007, avait ensuite rapidement augmenté jusqu'aux records atteints depuis 2012.