L'inflation a ralenti à 0,5% en mars dans la zone euro, après avoir atteint 0,7% le mois précédent, a confirmé mercredi l'office européen de statistiques Eurostat, alimentant les craintes de déflation dans la région.

Pour le sixième mois d'affilé, l'inflation se situe sous le seuil des 1% et a même atteint son plus bas niveau en plus de quatre ans (52 mois).

Ces chiffres historiquement bas raniment le spectre de la déflation et font dans tous les cas peser un risque sur la reprise, comme l'a récemment rappelé le Fonds monétaire international (FMI).

En mars, des taux négatifs ont été observés en Grèce (-1,5%), à Chypre (-0,9%), au Portugal (-0,4%) et en Espagne (-0,2%). En revanche, c'est à Malte et en Autriche (+1,4% chacun) que les taux d'inflation ont été les plus élevés.

La hausse des prix du secteur de l'alimentation, boissons alcoolisées et tabac (+1% après +1,5% en février) a été une nouvelle fois compensée par la baisse des prix de l'énergie (-2,1% après -2,3% en février), même si celle-ci a quelque peu ralenti.

Les prix des services ont, de leur côté augmenté de 1,1% après 1,3% en février et ceux des biens industriels hors énergie de 0,2% (après 0,4% en février).

Dans le détail, les plus forts impacts à la hausse proviennent du tabac et des restaurants et cafés (+0,08 point de pourcentage chacun) ainsi que du lait, fromage et oeufs (+0,06), tandis que les carburants pour le transport (-0,24), les télécommunications (-0,10) et les combustibles liquides (-0,06) ont eu les plus forts impacts à la baisse, indique Eurostat dans un communiqué.

Mais l'inflation devrait rebondir en avril même si elle reste à des niveaux peu élevés (autour de 0,9% en 2014), estime Johannes Garreis, économiste chez Natixis.

La Banque centrale européenne (BCE) est sur la même ligne et table elle aussi sur une accélération de l'inflation en avril. Elle risque donc de ne pas toucher à son principal taux directeur, avance l'économiste de Natixis, «sauf en cas de sévères turbulences sur les marchés financiers liées à des facteurs géopolitiques».

Samedi, la BCE s'est pourtant redite prête à «un nouvel assouplissement monétaire», c'est-à-dire une baisse de taux, ou à des «mesures non conventionnelles» pour faire face à un euro trop fort et une inflation trop faible.

Lors de sa conférence de presse en marge des réunions à Washington du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, le président de la BCE, Mario Draghi, a pris le temps de décrire les effets néfastes liés à des prix trop peu dynamiques.

Une hausse trop molle des prix «rend le processus d'ajustement plus difficile dans les pays sous pression», à savoir les pays du sud de l'Europe, et «complique le désendettement à la fois des secteurs public et privé», a-t-il expliqué.

Le conseil des gouverneurs de la BCE doit prendre le 8 mai à Bruxelles sa prochaine décision sur les taux d'intérêt.