Les pays du G20 «pressent» les Etats-Unis de ratifier la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international avant la fin de l'année sans quoi d'autres «options» devront être envisagées, selon leur communiqué final publié vendredi.

«Nous pressons les Etats-Unis de ratifier la réforme» du FMI, dont l'entrée en vigueur est suspendue depuis près de deux ans au feu vert du Congrès américain, écrivent les ministres des Finances du G20 à l'issue de deux jours de réunion à Washington.

Adoptée en 2010, cette réforme qui doublerait les ressources permanentes du FMI et renforcerait le poids des pays émergents dans l'institution se heurte à l'opposition des élus républicains.

«Si les réformes de 2010 ne sont pas ratifiées d'ici à la fin de l'année, nous appellerons le FMI (...) à élaborer des options» permettant de contourner le statu quo, écrivent les ministres des principaux pays industrialisés et émergents, sans donner plus de précision.

Dans leur déclaration finale, ils indiquent également «surveiller» la situation en Ukraine et les risques qui en découlent pour la «stabilité» financière et économique mondiale, conformément au projet de communiqué qui avait été obtenu par l'AFP.

Lors de leur précédente réunion fin février à Sydney, ils avaient dû renoncer à mentionner l'Ukraine dans leur déclaration finale, faute de consensus avec le représentant russe.

Dans leur nouveau communiqué, les pays du G20 s'engagent également, comme à Sydney, à prendre des mesures «réalistes» et «concrètes» afin de soutenir la croissance mondiale.

Ils ont en revanche retiré toute référence explicite au retour à la normale de la politique monétaire amorcé dans les pays développés, qui avait récemment provoqué des vagues de turbulence financière dans plusieurs pays émergents.

Le G20 «attentif» à la crise ukranienne

Les pays du G20 ont très prudemment évoqué la crise ukrainienne vendredi à Washington, affirmant être «attentifs» aux «risques» qu'elle représentait pour la stabilité économique, et ont pris soin de taire leurs divergences sur la croissance.

«Nous surveillons la situation économique en Ukraine, en étant attentifs à tous les risques pour la stabilité financière et économique», écrivent les ministres des Finances du G20 réunis depuis jeudi soir dans la capitale américaine.

Les termes sont soigneusement choisis mais témoignent toutefois d'une évolution notable par rapport à leur précédente réunion fin février à Sydney, durant laquelle l'Ukraine n'avait pas été mentionnée dans leur déclaration finale, faute d'accord avec le ministre russe.

Depuis, la situation s'est détériorée dans l'ancienne République soviétique qui a demandé une aide financière internationale et reste à couteaux tirés avec son voisin russe. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé vendredi «l'incitation à des sentiments antirusses» qui «menace de manière évidente la stabilité européenne». Le président américain Barack Obama a de son côté estimé qu'il fallait s'attendre à une «escalade».

La crise ukrainienne a d'ailleurs servi de toile de fond à l'assemblée générale du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui se tient cette semaine à Washington, conduisant mardi le Fonds à abaisser ses prévisions de croissance mondiale.

Après avoir menacé Moscou de nouvelles sanctions, le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew a exhorté vendredi la communauté internationale à prendre des «mesures immédiates» pour compléter les 14 à 18 milliards de dollars promis par le FMI à l'Ukraine et éviter un effondrement économique du pays.