La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu jeudi son principal taux directeur inchangé, au niveau historiquement bas de 0,25% auquel il avait été porté en novembre, lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire.

Cette décision, annoncée par un porte-parole, était attendue par les analystes, et ce malgré le recul de l'inflation en mars. Elle s'est établie à 0,5%, soit loin de l'objectif de la BCE de la maintenir proche de 2%. Mais l'institution monétaire de Francfort n'a cessé de faire valoir ces derniers temps que les risques de déflation, évoqués par certains et qui seraient synonyme de marasme économique, étaient limités, laissant entendre que cela ne nécessitait pas d'intervention de sa part.

Elle s'accroche notamment à la perspective de voir les prix reprendre progressivement de l'élan au cours des années à venir. Si pour 2014 elle attend une inflation de 1%, elle devrait être de 1,3% l'an prochain et de 1,5% en 2016, selon ses dernières projections.

Une analyse partagée par certains économistes. Annalisa Piazza, du courtier Newedge, souligne ainsi que le niveau des prix de mars a été en grande partie dicté par des effets saisonniers, comme des fêtes de Pâques plus tardives qu'en 2013, et qu'un rebond est attendu dès avril.

En outre, le président de la BCE Mario Draghi devrait s'appuyer sur la confirmation d'une reprise économique progressive en zone euro pour défendre ce statu quo, lors de sa conférence de presse prévue à partir de 12H30 GMT.

- Mesures non conventionnelles ou pas?-

En mars, la croissance du secteur manufacturier s'est vérifiée pour le neuvième mois consécutif, et l'écart s'est amenuisé entre les principales économies de la région. Quant au chômage, il est resté sous la barre de 12% en février, avec un nombre de chômeurs en recul.

Les analystes et marchés guetteront toutefois une éventuelle annonce du côté des outils moins conventionnels pour soutenir l'activité économique, ainsi que les déclarations de M. Draghi concernant la hausse de l'euro. Cette dernière risque de pénaliser les exportations et de faire baisser le prix des importations, faisant encore fléchir l'inflation.

Cédric Thellier, économiste chez Natixis, s'attend désormais à ce que M. Draghi annonce une extension de l'allocation illimitée de liquidités aux banques au-delà de mi-2015, date jusqu'à laquelle elle a été décidée pour l'instant, ou à l'arrêt de la stérilisation de ses achats de dette publique opérés dans le cadre du programme SMP entre 2010 et 2012. Cette stérilisation, une incitation aux banques à déposer leurs liquidités sur un dépôt hebdomadaire, est destinée à éviter un surplus de liquidités sur le marché et donc une menace inflationniste.

Pour encourager le crédit, et donc l'investissent, sont aussi régulièrement évoquées les possibilités de racheter des actifs privés aux banques, de faire passer le taux de dépôt -celui auquel les banques placent leurs surplus de liquidités auprès de la BCE pour 24 heures- en territoire négatif, ou de faire un nouveau prêt de très longue durée aux banques.

Mais la plupart des analystes pensent que la BCE devrait finalement opter pour l'inaction, comme ces derniers mois, afin de garder une marge de manoeuvre en cas de dégradation brusque de la situation. «La meilleure option pour la BCE est une intervention verbale et pas d'action tangible nouvelle», pense notamment Carsten Brzeski.