La corruption coûte chaque année près de 120 milliards d'euros à l'économie de l'Union européenne, selon un rapport publié lundi par la Commission européenne, qui fait la liste des secteurs où la situation pourrait être améliorée.

Aucun des 28 pays membres de l'Union européenne n'est épargné par ce phénomène, même si les situations varient d'un pays à l'autre.

«La corruption sape la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et l'état de droit, elle nuit à l'économie européenne et prive les pouvoirs publics des recettes fiscales dont ils ont cruellement besoin», a souligné dans un communiqué la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström.

«Les États membres ont beaucoup fait au cours des dernières années pour lutter contre la corruption, mais le rapport publié aujourd'hui montre que ces efforts sont loin d'être suffisants», selon elle.

Ce rapport, le premier du genre, n'établit pas de classement entre pays européens en matière de corruption, mais relève les principales lacunes observées dans la lutte anti-corruption au niveau européen.

En particulier, les contrôles internes portant sur les procédures au sein des administrations publiques sont insuffisants, et les règles relatives aux conflits d'intérêts varient d'un État à l'autre, de même que l'efficacité de la répression et des poursuites.

Le rapport déplore aussi que la plupart des États de l'UE ne disposent pas de statistiques globales sur les délits de corruption, ce qui rend la comparaison et l'évaluation plus difficiles.

Il souligne enfin que l'intégrité de la vie politique reste un problème dans de nombreux États membres: il n'est par exemple pas courant que des partis politiques ou des assemblées élues se dotent de code de conduite en matière de corruption, et ceux qui existent manquent souvent d'effets réels. Des lacunes importantes subsistent notamment en matière de financement des partis politiques.

Enfin, le secteur des marchés publics est particulièrement exposé à la corruption, note le rapport.

Londres félicité

Le chapitre sur la France insiste en particulier sur ce dernier point. «Paris a légiféré sur de nombreuses questions touchant à la corruption mais n'a pas élaboré de stratégie nationale spéciale de lutte contre ce phénomène», relève la Commission.

Dans les attributions de marchés locaux, notamment, la France ne fait pas ce qu'il faut. Le cumul des mandats est «l'un des facteurs les plus propices à la corruption» dans un pays où plus de sept parlementaires sur dix occupent au moins une autre fonction, commente Bruxelles. La Commission juge par ailleurs que Paris ne s'est pas assez impliqué dans les affaires de corruption transnationale. D'autant que les juridictions françaises ne sont compétentes que si l'auteur du délit est de nationalité française.

La Commission publie parallèlement un sondage Eurobaromètre qui montre que 76% des Européens pensent que la corruption est un phénomène très répandu. Ils sont 8% à affirmer avoir fait l'objet ou été témoin d'un acte de corruption au cours de l'année qui précède. En France, 68% des personnes interrogées estiment que la corruption est «très répandue» et 2% disent y avoir été confrontées au cours de l'année écoulée.

La Commission a salué en revanche les efforts de Londres pour lutter contre la corruption. Elle a relevé notamment qu'une loi sur la corruption entrée en vigueur en 2011 a doté le pays de dispositions parmi les plus sévères au monde. Elles incriminent la corruption d'agents publics étrangers et étendent également la responsabilité pénale aux sociétés qui n'ont pas empêché des actes de corruption commis pour leur compte.

«Ce rapport constitue une étape importante dans l'effort collectif de l'UE pour intensifier ses efforts de lutte contre la corruption», s'est félicité Miklos Marschall, directeur général adjoint de l'ONG anticorruption Transparency International.