L'Espagne a confirmé jeudi son retour à la croissance au dernier trimestre 2013, après deux années de récession, mais la reprise, malgré une légère accélération, reste timide dans le pays miné par un chômage record de 26%.

«Ce sont des résultats positifs qui, d'une certaine manière, montrent que nous avons laissé derrière nous la récession. Mais il reste énormément à faire», a immédiatement prévenu le ministre de l'Économie, Luis de Guindos, se gardant d'un optimisme exagéré.

Car même s'il a récemment annoncé des prévisions à la hausse pour 2014, le gouvernement de droite reste prudent alors que l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, peine à émerger de la crise où elle est plongée depuis bientôt six ans.

«Le chemin que nous avons devant nous est parsemé de courbes, de difficultés et surtout d'un taux de chômage de 26% de la population active», a souligné M. de Guindos sur la radio Cope.

Jeudi, les chiffres provisoires de l'Institut national de la statistique (Ine) ont montré que le Produit intérieur brut (PIB) de l'Espagne a progressé de 0,3% au dernier trimestre de 2013. Sur l'ensemble de l'année, l'activité du pays s'est contractée de 1,2%.

Ces chiffres confirment une légère accélération de la reprise, après la timide sortie de récession amorcée au troisième trimestre avec une croissance de 0,1%.

«C'est un signal, un signal d'espoir», a commenté M. de Guindos, soulignant que «jamais depuis le début de la crise en 2008», la croissance sur un trimestre n'avait été aussi forte. «C'est encore très peu et il faudra le consolider», a-t-il ajouté.

Portée par des exportations qui montrent cependant des signes de faiblesse, la croissance reste encore trop faible pour permettre la création d'emplois dans une Espagne où le chômage est reparti à la hausse à la fin 2013 à 26,03%, l'un des plus élevés du monde industrialisé.

Selon l'Ine, ce frémissement s'explique par une contribution «moins négative» de la demande intérieure, qui reste toutefois en berne, et un apport «positif, bien qu'en déclin» des exportations.

Le déficit commercial de l'Espagne s'était réduit de moitié sur les onze premiers mois de 2013, grâce à des exportations à un niveau record depuis 42 ans, qui ont toutefois baissé en fin d'année.

Or, le dynamisme des exportations reste essentiel pour sortir le pays de la crise: «La demande extérieure nette a mitigé pour la sixième année consécutive l'impact de la baisse des dépenses» des Espagnols sur l'activité économique, soulignait la Banque d'Espagne le 23 janvier.

La quatrième économie de la zone euro, frappée doublement en 2008 par l'éclatement de la bulle immobilière et le démarrage de la crise financière internationale, était enfoncée depuis le début 2011 dans sa deuxième récession en cinq ans.

Afin d'assainir ses comptes publics, le gouvernement a engagé depuis deux ans le pays dans un effort de rigueur sans précédent pour économiser 150 milliards d'euros entre 2012 et 2014. Un effort titanesque qui a eu pour effet de freiner la reprise et creuser le chômage.

Le gouvernement espère désormais poursuivre sur sa lancée et prévoit une croissance proche de 1% sur l'ensemble de 2014. Jusqu'à présent, il tablait sur 0,7%.

Mais la faible demande intérieure reste le principal frein à une reprise plus franche, alors que le chômage devrait rester longtemps encore le principal point noir de l'économie espagnole.