Le risque d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise semble s'éloigner mais n'est pas complètement écarté, ont estimé vendredi plusieurs experts réunis à Davos, même si Pékin a réussi à stabiliser sa croissance en 2013 et s'est engagé à réformer son économie.

Le Chinois Li Daokui, ancien banquier central, a déclaré lors d'un débat consacré à la Chine que «cette année et l'année prochaine, il va falloir lutter pour maintenir un taux de croissance de 7-7,5%, qui est le minimum pour créer chaque année les 7,5 millions d'emplois dont la Chine a besoin».

Pékin a annoncé lundi que l'économie chinoise avait progressé de 7,7% en 2013, un chiffre identique à celui de 2012, et qui est la plus faible progression annuelle du PIB en treize ans, dans un contexte de craintes accrues face aux déséquilibres et à l'endettement public chinois.

L'économiste Nouriel Roubini a estimé que «le risque d'un atterrissage brutal de la Chine n'a pas disparu», évoquant «l'immense défi» des réformes que doit subir l'économie chinoise.

La Chine s'est engagée à modifier le profil de son économie pour accroître sa demande interne, moins reposer sur les exportations, tout en limitant le crédit et contrôlant l'endettement du secteur public.

Mais plusieurs participants au sommet attendent de voir.

Le ministre des Finances britannique George Osborne a déclaré qu'en Chine, «beaucoup de choses très bien ont été dites sur les réformes économiques», mais que «nous voulons tous maintenant juste voir ce qui sera concrètement fait par le gouvernement chinois».

«Parler ne coûte rien. Nous devons voir de l'action, et pour l'instant, nous n'en avons pas vue beaucoup», a déclaré M. Roubini, craignant que cela n'aille «pas assez vite».

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a toutefois rappelé que son organisation ne prévoyait pas de catastrophe.

«Nous ne prévoyons pas de ralentissement massif, mais un taux de croissance légèrement réduit», a-t-elle déclaré à Davos lors d'un entretien à la chaîne indienne NDTV.

«Je ne pense pas qu'il y ait de gros risques pour l'économie chinoise à court terme, cette année ou la suivante, parce que le gouvernement a compris le besoin de réformer le système économique, y compris le financier, mais ils comprennent aussi le besoin de maintenir une croissance relativement élevée», a déclaré Harihuko Kuroda vendredi à Davos.

Le système financier est parfois source d'inquiétude en raison du poids important des prêts consentis par des acteurs non conventionnels (shadow banking), aboutissant à un système parallèle et peu régulé.