La Grèce prend mercredi la présidence de l'UE lors d'une cérémonie à Athènes en présence de plusieurs dirigeants européens, une étape à la dimension symbolique plus de quatre ans après le début de la crise de la dette et à quelques mois des élections européennes.

«C'est une grande responsabilité pour la Grèce d'occuper la présidence de l'UE pendant le semestre qui va mener aux élections de mai», a souligné mercredi matin le ministre des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, lors d'une rencontre avec la presse.

Les présidents du Conseil européen et de la Commission, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ainsi que les 28 commissaires européens, font le déplacement dans la capitale grecque et rencontreront dans l'après-midi le gouvernement en place, comme ils le font pour chaque présidence de l'UE.

Une conférence de presse est prévue à 15h15 GMT (10h15 à Montréal) avec M. Barroso et le premier ministre grec, le conservateur Antonis Samaras.

Des mesures de sécurité renforcées ont été prises et tout rassemblement est interdit dans le centre-ville, bouclé à la circulation dans l'après-midi.

Cette visite, dans le pays qui a été l'épicentre de la crise des dettes publiques européennes et qui a dû consentir de lourds sacrifices, risque de prendre une dimension particulière.

Pour la Grèce, l'enjeu est de redevenir un pays «comme les autres», selon l'expression de son premier ministre. Lors de la présentation des voeux de fin d'année, il avait promis que 2014 marquerait la fin des plans d'assistance financière UE-FMI qui, depuis 2010, ont placé le pays sous perfusion financière.

Cette année doit aussi être celle où la Grèce tourne le dos à six années de récession. Le pays devrait enregistrer une modeste croissance de 0,6%, selon les prévisions du gouvernement et de la Commission européenne.

Pour l'Europe, cette visite sera certainement l'occasion de rappeler que les prédictions les plus sombres, comme la sortie de la Grèce de la zone euro (le fameux «Grexit»), ne se sont pas réalisées et que les sacrifices du peuple grec n'ont pas été vains.

Avant les élections européennes fin mai, les dirigeants de l'UE se doivent de présenter un front uni afin de contrer une poussée des eurosceptiques de tous bords. «Il va falloir montrer de quoi empêcher la progression du populisme», résumait récemment un éditorialiste du quotidien grec Kathimerini.

Horizon encore sombre

Si le pire de la crise est bien passé, l'horizon reste encore sombre pour la Grèce, sous tutelle de ses créanciers. Athènes est confronté à un trou budgétaire qu'il va falloir combler et sa dette reste à des niveaux insupportables (autour de 175% du Produit intérieur brut), rendant difficile son retour sur les marchés de la dette à long terme.

Le pays espère obtenir un allongement du délai de paiement d'obligations grecques et une nouvelle baisse des taux d'intérêt, après un effacement de dette de 107 milliards d'euros consenti en 2012 par ses créanciers privés.

Mais ce scénario a été fermement rejeté mardi par le patron du fonds de secours de la zone euro, Klaus Regling, dans un entretien avec l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Les créanciers de la Grèce ont toutefois promis d'aider une nouvelle fois le pays et de se pencher sur la viabilité de la dette s'il enregistrait un excédent primaire budgétaire, ce qui devrait avoir été le cas en 2013.

Des discussions sur ce sujet sont attendues à partir du mois d'avril, mais la présidence grecque n'entend pas se résumer à cela et veut également promouvoir, sur le plan économique, la coordination des politiques à dimension sociale et le financement des PME, un sujet qui concerne de près la Grèce, a souligné mardi le ministre des Finances, Yannis Stournaras.

Athènes veut également profiter de sa cinquième présidence de l'UE pour compléter le grand chantier de l'union bancaire et avancer sur les questions d'immigration et de politique maritime.