Les emprunts de l'Espagne et de l'Italie étaient prisés jeudi sur le marché où les rendements à 10 ans oscillaient autour des 4%, confirmant en ce début d'année que ces pays retrouvent la confiance des marchés, sur fond de reprise économique.

À 18H00 (12h00 à Montréal), à la clôture, le taux à 10 ans de l'Espagne a reculé à 3,971% contre 4,151% mardi à la clôture sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise, pour la première séance de l'année et au lendemain d'un jour férié.

Il n'était plus passé sous 4% depuis le 11 décembre 2013.

Pour sa part, le taux de l'Italie s'est détendu à 3,970% (contre 4,125%). Il repasse sous 4% pour la première fois depuis le 23 mai 2013.

«Les investisseurs domestiques, comme les banques et les assurances, ont l'air de revenir et cherchent à profiter de la baisse du marché qu'il y a eu en fin d'année», explique Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

Ces investisseurs s'étaient plutôt détournés du marché de la dette fin 2013, notamment pour prendre quelques bénéfices et présenter le meilleur bilan annuel possible à leurs clients.

«Plutôt optimistes»

Désormais, «le marché a une plus grande liberté en termes d'allocation», note Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis, ajoutant que «les investisseurs sont plutôt optimistes en cette nouvelle année sur les actifs risqués», dont les dettes des pays fragiles de la zone euro.

«Le marché a également le sentiment que la situation macroéconomique va continuer de s'améliorer en zone euro», selon lui.

Plusieurs pays fragiles de la zone ont fait des annonces positives pour les marchés financiers, comme la sortie de l'Irlande ou de l'Espagne de leur programme d'aide, ou encore le retour attendu de la Grèce sur les marchés financiers en 2014.

Le marché était friand jeudi de dettes espagnole et italienne, après de bons indices de PMI manufacturier confirmant que ces pays sortent peu à peu de l'ornière.

«Ce n'est pas particulièrement nouveau, mais ces chiffres confirment que l'économie continue de s'améliorer», souligne M. Jacq.

En Espagne, cet indice mesuré par la société Markit a rebondi en décembre. L'indice PMI est même repassé au-dessus de 50 pour la première fois depuis mi-2011.

L'indice a également progressé en Italie, plus que prévu par les analystes et au plus haut depuis avril 2011.

L'activité manufacturière dans la zone euro a quant à elle enregistré en décembre sa plus forte croissance en plus de deux ans et demi, malgré un recul en France.

Le taux du Portugal a également connu une nette détente jeudi à 5,835% (contre 6,130%).

Le président portugais Anibal Cavaco Silva a estimé mercredi que le Portugal «n'aura pas besoin d'un second plan de sauvetage», à l'issue de son plan d'aide qui expire en mai, mais il n'a pas exclu la nécessité de recourir à une ligne de crédit de précaution.

«La normalisation n'est pas encore terminée et se poursuit sur le marché obligataire», remarque M. Jacq.

«Le mouvement d'aujourd'hui est marqué dans un marché sans grand volume, mais la tendance reste à un resserrement des spreads (écart de taux avec l'Allemagne)», selon lui.

Le spread espagnol et italien était à peine supérieur à 200 points de base (2 points de pourcentage) jeudi après-midi, soit au plus bas, respectivement depuis le printemps 2011 et l'été 2011.

De leur côté, les taux des pays les plus solides de la zone euro évoluaient dans de faibles marges.

Le taux de l'Allemagne se s'est légèrement tendu à 1,941% (contre 1,929%), tandis que celui de la France était presque stable à 2,557% (contre 2,558%).

Hors zone euro, le taux britannique à 10 ans a progressé à 3,027% contre 3,022% mardi.

Aux États-Unis, le taux à 10 ans baissait à 2,982% contre 3,028% mardi, tout comme celui à 30 ans à 3,917% contre 3,968%. Le taux à trois mois reculait à 0,06% contre 0,07% mardi.

Sur le marché interbancaire, l'Euribor a reculé à 0,284% contre 0,287% mardi, tout comme le Libor à 0,243% contre 0,246%.