Des milliers de manifestants sont descendus samedi dans les rues de Madrid à l'appel des syndicats et d'organisations citoyennes pour dénoncer la politique d'austérité du gouvernement et exprimer une multitude de revendications.

Sous les slogans «Oui, nous pouvons», «Utilise ta force», le Sommet social, qui regroupe les syndicats et une centaine d'associations, avait convoqué ce défilé aux côtés des Marées citoyennes, des collectifs professionnels comme l'éducation et la santé pour la défense du service public, qui manifestent habituellement de leur côté.

Deux ans après l'arrivée au pouvoir du gouvernement de droite de Mariano Rajoy, les manifestants ont défilé derrière une grande banderole blanche portant les mots : «Jugement pour les banques. Sauvons le service public, les pensions, les personnes».

Parmi leurs cibles, le système bancaire dont les dérives ont contribué à précipiter le pays dans la crise en 2008. Arrivé au pouvoir à la fin 2011, le gouvernement Rajoy a soumis l'Espagne à une cure d'austérité sans précédent, au prix de douloureux sacrifices. Deux ans plus tard, le pays vient de renouer avec la croissance, mais reste en proie à une grave crise sociale, avec près de 26% de chômeurs.

Pourtant, après de nombreuses grandes manifestations en 2011 et 2012 à travers toute l'Espagne, la riposte sociale est devenue cette année beaucoup plus discrète.

«Nous sommes ici pour 30.000 raisons. Ce que nous demandons, c'est qu'ils n'écrasent pas le peuple comme ils le font,» expliquait Epifanio Lopez, un ouvrier âgé de 59 ans.

«Il faut changer de gouvernement», affirmait Laura Fernandez, 19 ans, une étudiante en médecine vêtue de sa blouse blanche, symbole des revendications du monde de la santé, par-dessus un tee-shirt vert, couleur des défenseurs de l'école publique.

«C'est cela l'avenir du mouvement, parce que si chacun manifeste de son côté, nous n'avons pas autant de force. Notre mécontentement est global contre des politiques qui frappent tous les secteurs», ajoutait son compagnon Miguel Abad, âgé de 20 ans.

La mouvance des indignés avait appelé elle aussi à manifester depuis un autre point de rendez-vous: la Plaza de España où l'organisation écologiste Greenpeace avait déployé, sur la façade d'un grand immeuble vide, une banderole jaune de 315 mètres carrés avec les mots «Non à la loi anti-manifestation».

Ce slogan dénonce le projet de loi sur la sécurité actuellement dans les cartons du gouvernement, décrié par la gauche comme un projet de «répression citoyenne».

«L'organisation lance une campagne active contre les atteintes au droit de manifester pacifiquement que suppose ce projet de loi», a indiqué Greenpeace dans un communiqué.

Le texte, qui n'a pas encore été approuvé par le Conseil des ministres, suscite déjà une vive polémique, car il prévoit notamment de fortes amendes, jusqu'à 600 000 euros, en cas de manifestation non autorisée, le cas de nombreux rassemblements des indignés depuis deux ans.

«Nous sommes venus protester contre la politique d'austérité, contre la politique répressive du gouvernement, la modification du Code pénal, la loi anti-manifestations et sur la sécurité citoyenne, qui est une attaque directe aux droits fondamentaux des citoyens», lançait Irene de la Cuerda, une manifestante de 57 ans.