De nombreux services publics, dont les hôpitaux et les écoles, ont tourné au ralenti vendredi au Portugal en raison d'une grève des fonctionnaires convoquée par les principaux syndicats pour protester contre des mesures d'austérité jugées «brutales» .

«Contre le démantèlement de l'État» et «Les droits acquis ne peuvent pas être volés», proclamaient des banderoles accrochées aux grilles des hôpitaux, alors que des poubelles non collectées débordaient sur les trottoirs de Lisbonne.

«Les Portugais ne supportent plus les coupes salariales et les sacrifices», a assuré Ana Avoila, coordinatrice du Front commun des syndicats de la fonction publique qui a fait état d'une «forte adhésion à la grève allant de 70 % à 100 %».

Le secrétaire d'État à la Fonction publique, Helder Rosalino, a déclaré «comprendre le découragement des fonctionnaires», mais s'attendait à une participation «ne dépassant pas les 20 %».

La grève de 24 heures a été lancée conjointement par les fédérations de fonctionnaires affiliées aux deux principaux syndicats, la CGTP, proche du parti communiste et l'UGT, liée au Parti socialiste.

Premier test de la mobilisation des fonctionnaires depuis l'annonce du budget d'austérité pour 2014 à la mi-octobre, la participation a dépassé celle de la dernière grève des fonctionnaires en mai 2011.

Convoquée avant l'annonce du plan de sauvetage du Portugal par la seule CGTP, cette grève avait été relativement peu suivie, le taux d'adhésion ayant atteint 60 % selon les syndicats et 1,4 % pour le gouvernement.

«Le taux de syndicalisation dans la fonction publique est supérieur à celui du secteur privé. Mais certains renoncent à la grève, car ils craignent pour leur emploi», a expliqué à l'AFP le sociologue Alan Stoleroff de l'Institut universitaire de Lisbonne.

«Au détriment des enfants»

Les syndicats entendaient protester contre les mesures d'austérité du projet de budget pour 2014, qui toucheront de plein fouet les fonctionnaires.

Le projet prévoit l'allongement du travail hebdomadaire des fonctionnaires de 35 à 40 heures, des coupes de 10 % dans leurs pensions de retraite et des réductions de 2,5 % à 12 % pour les revenus mensuels supérieurs à 600 euros bruts.

«Que les fonctionnaires veuillent embêter le gouvernement, c'est très bien, mais pas au détriment des enfants!», s'est emporté Manuel Paulo, ouvrier du bâtiment de 44 ans. Venu amener son fils de 10 ans à l'école de Telheiras dans le nord de Lisbonne, il a trouvé porte close.

Les grèves dans les hôpitaux étaient largement suivies par les infirmiers, selon les syndicats qui ont avancé un taux d'adhésion de 76 %. À l'hôpital Santa Maria dans le nord de Lisbonne, certains guichets d'accueil étaient restés fermés, mais une partie des consultations était assurée.

Ce mouvement des fonctionnaires fait suite à une série de grèves dans les transports, dont les chemins de fers et les services de bus urbains, qui culmineront avec une manifestation samedi à Lisbonne.

En échange d'un programme d'aide de 78 milliards d'euros accordé en 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le Portugal s'est engagé à tailler dans les dépenses publiques.

Le gouvernement de centre droit compte ainsi réduire de 2 % en 2014 les effectifs de la fonction publique sur un total de 575 000 actuellement (hors hôpitaux). Depuis 2005, 173 000 postes de fonctionnaires ont déjà été supprimés, dont 28 000 au cours des douze derniers mois.

La coalition au pouvoir applique à la lettre les remèdes du FMI, qui avait épinglé en janvier les «sureffectifs» dans les domaines de l'éducation et des forces de sécurité, qui représentent 60 % du total des fonctionnaires, un taux «largement au-dessus de la moyenne européenne».

Si les enseignants étaient en première ligne de la contestation vendredi, les forces armées vont prendre leur relais mardi prochain, avec un rassemblement à Lisbonne de l'Association nationale des sergents, qui représente quelque 4 500 militaires.