La croissance chinoise s'est accélérée au troisième trimestre, selon un panel d'économistes interrogés par l'AFP, qui y voient les effets de mesures de relance gouvernementales mais estiment que ce regain de vigueur pourrait s'avérer temporaire.

La hausse du Produit intérieur brut (PIB) au cours des trois mois achevés fin septembre devrait avoir atteint 7,8%, selon la prévision médiane de ces 11 économistes -- sa première accélération après deux trimestres de ralentissement (+7,7% au premier trimestre et +7,5% au deuxième).

Le gouvernement, qui doit annoncer vendredi le chiffre officiel du PIB, s'est fixé un objectif de croissance annuelle de 7,5%, après une progression de 7,7% en 2012, sa plus faible performance depuis 1999.

Le net ralentissement du deuxième trimestre avait ravivé au début de l'été les craintes d'un atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale et poussé Pékin à annoncer fin juillet des «mesures d'ajustement» pour stimuler l'activité -- un «mini plan de relance» selon les experts.

Ces mesures -- réductions d'impôts, facilitations pour les investissements dans le ferroviaire, simplifications administratives mais aussi accès plus généreux au crédit -- «ont porté leurs fruits», et la hausse de la consommation pourrait avoir compensé les fragilités de la demande extérieure, soulignent les analystes de la banque australo-néozélandaise ANZ.

En août et septembre se sont succédé les statistiques encourageantes: forte progression de la production industrielle, accélération des ventes de détail ou encore rebond des échanges commerciaux, après plusieurs mois de baisse des importations.

«La confiance (des ménages et entreprises), tout comme la demande dans le pays, se sont améliorées, on peut donc penser que l'économie connaît une reprise modérée», résume Sun Junwei, économiste de HSBC.

«Réformes structurelles»

Mais ce sursaut pourrait ne pas durer. Pour Yao Wei, de la Société Générale, les signaux d'un revirement après deux mois de «bonnes surprises» seront perceptibles dès les statistiques officielles pour septembre, qui devraient -- à l'image des chiffres du commerce extérieur publiés samedi -- constituer un tableau «mitigé».

Et il est peu probable que l'embellie se poursuive jusqu'à la fin de l'année: la sensible accélération de l'inflation en septembre (+3,1% sur an), se rapprochant de la limite officielle fixée à 3,5%, devrait réduire la marge de manoeuvre des autorités pour aider l'économie et pourrait même conduire à restreindre l'accès au crédit.

De plus, «la reprise économique actuelle n'a pas de fondamentaux solides et ne fait qu'exacerber les déséquilibres existants -- ceux-là mêmes auxquels l'équipe dirigeante veut tenter de remédier à long terme», observe Zhang Zhiwei, analyste de Nomura.

Le gonflement de la production de l'industrie lourde cet été, principalement alimenté par des entreprises d'État, «est en totale contradiction» avec la volonté de réformes affichée par la nouvelle équipe dirigeante, explique-t-il.

Depuis sa prise de fonction, le premier ministre Li Keqiang affiche son intention de rééquilibrer l'économie pour la rendre moins dépendante des exportations et des investissements dans les infrastructures, et de bousculer les monopoles des sociétés d'État, notamment dans un secteur industriel en sévère surcapacité.

«Maintenant que la croissance est revenue sur les rails, le gouvernement n'a plus de raison de maintenir ses mesures de stimulation (...) On peut s'attendre à ce qu'il durcisse sa politique après le plénum du Parti communiste en novembre», après quoi «la croissance ralentira à nouveau», poursuit M. Zhang.

«Nous allons accélérer la mutation de notre modèle de croissance» et «intensifier les restructurations économiques», a d'ailleurs confirmé Li Keqiang fin septembre. Au prix d'un éventuel ralentissement de croissance, mais qui se fera «en douceur» et de façon contrôlée, a précisé le président Xi Jinping la semaine dernière.

«Ces propos montrent que les dirigeants sont conscients des enjeux (...) et qu'ils sont déterminés à avancer sur la voie de réformes structurelles, même si cela signifie en contrepartie un ralentissement économique à court terme», commentent dans une note Jian Chang et Joey Chew, analystes de Barclays.

Pour sa part, le Fond monétaire international (FMI) a abaissé la semaine dernière ses prévisions de croissance annuelle pour le géant asiatique, à 7,6% en 2013 et 7,3% en 2014.