La banque centrale du Japon (BoJ) a maintenu vendredi en l'état sa politique monétaire ultra-accommodante et confirmé une reprise de l'économie nippone, mais le gouverneur de l'institution et le ministre japonais des Finances appellent à une résolution rapide du blocage budgétaire aux États-Unis.

La BoJ va continuer d'acheter au même rythme soutenu des obligations d'État ainsi que d'autres titres plus risqués tels que des fonds cotés en Bourse (ETF) ou des fonds communs immobiliers japonais (J-REIT).

Cette politique vise à doubler en l'espace de deux ans la base monétaire, c'est-à-dire grosso modo l'argent liquide en circulation et les réserves des banques, afin d'inciter ces dernières à prêter pour pousser les entreprises à investir et les consommateurs à dépenser.

La bataille menée par la banque centrale et le gouvernement de droite conduit par Shinzo Abe a pour objectif d'en finir avec une quinzaine d'années de déflation handicapante.

Le but ultime est de faire entrer l'économie nippone dans un cercle vertueux de hausse de l'activité, des investissements, des salaires et de la consommation, le tout sur fond de stabilité des prix définie comme correspondant à un taux d'inflation d'environ 2 %.

La BoJ considère que cette politique large à trois flèches (monétaire, budgétaire et réformatrice) surnommée «Abenomics» a déjà produit des effets et que le pays a amorcé une phase de «reprise modérée».

Les récents indicateurs montrent en effet que la croissance japonaise se redresse, tout comme le moral des entrepreneurs, et que la déflation est moins forte, du fait il est vrai de l'augmentation de la facture des importations énergétiques.

La BoJ pense que l'inflation devrait se situer à court terme dans une fourchette de 0,5 à 1 %, avec une progression graduelle espérée.

La hausse désormais officiellement décidée de la taxe sur la consommation en avril prochain pour éviter de creuser davantage la dette est perçue par le gouverneur Haruhiko Kuroda comme une «décision importante qui doit garantir la confiance dans la gestion des finances publiques japonaises».

M. Kuroda avait soutenu cette hausse en jugeant auparavant qu'une augmentation de 3 points (à 8 %) de cet équivalent de la TVA française ne pénaliserait pas fortement l'économie nippone.

Il s'est en outre toujours dit disposé à avancer des pions plus loin si d'aventure la situation l'exigeait.

L'impasse budgétaire aux États-Unis, «un risque pour l'économie mondiale»

En revanche, M. Kuroda a jugé que l'impasse budgétaire aux États-Unis présentait «un risque de pression négative sur l'économie mondiale» et qu'il fallait «suivre la situation très attentivement».

À l'instar du ministre japonais des Finances, Taro Aso, qui s'était exprimé plus tôt dans la journée, le gouverneur de la banque centrale a dit «souhaiter une issue rapide».

«Si ce n'est pas résolu vite, il y aura diverses conséquences» sur la conjoncture économique internationale, avait déclaré à la presse M. Aso, à propos des négociations pour le moment infructueuses entre républicains et démocrates sur le relèvement du plafond de la dette américaine.

M. Aso a aussi souligné que cette situation d'incertitudes sur les finances américaines risquait de faire vendre des dollars et acheter des yens, donc de hisser la valeur de la monnaie nippone, ce qui ne serait pas une bonne chose pour l'économie du Japon qui doit une bonne part de son regain actuel au repli du yen sous l'effet «Abenomics».

Après le 17 octobre, date à laquelle les mesures exceptionnelles utilisées par le gouvernement américain pour éviter le défaut de paiement seront épuisées, il ne restera que 30 milliards de dollars de trésorerie pour honorer les engagements du pays, selon le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew.

Le Congrès, dominé par les républicains à la Chambre, a la prérogative de relever le plafond de la dette, actuellement situé à 16 700 milliards de dollars, mais il refuse jusqu'à présent de le faire sur fond d'intense bataille avec l'administration Obama.