Le Canada tient à demeurer l'élève modèle du G20 en matière de gestion des finances publiques. Au premier jour du Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, jeudi, le premier ministre Stephen Harper a annoncé que son gouvernement se fixe comme objectif de ramener le ratio dette fédérale/produit intérieur brut (PIB) de 33,8 % aujourd'hui à 25 % d'ici 2021.

Au passage, M. Harper a aussi réitéré son intention d'éliminer le déficit de 26 milliards de dollars en 2012-2013 d'ici 2015.

Selon le premier ministre, cet engagement permettra au Canada de se maintenir en tête du peloton des pays membres du G20 au chapitre de la discipline financière et du niveau d'endettement.

«Notre gouvernement reste déterminé à rétablir l'équilibre budgétaire d'ici 2015. La réduction du ratio de la dette au PIB se traduira par un allégement du fardeau fiscal des Canadiens et par un climat propice à l'investissement, ce qui favorisera la création d'emplois et la croissance économique partout au pays», a affirmé M. Harper.

Si les conditions économiques sont meilleures que celles qui sont prévues à court terme, le gouvernement fédéral pourrait devancer son objectif quant au poids de la dette fédérale.

Même si les questions économiques et financières risquent d'être occultées par la crise en Syrie, Stephen Harper a invité ses homologues du G20 à emboîter le pas au Canada.

«Il est important d'avoir des cibles», a pour sa part affirmé le ministre des Finances, Jim Flaherty, qui accompagne le premier ministre au sommet. «Il est important que les pays aient des objectifs et qu'ils tentent de les atteindre. J'ai confiance que nous pouvons atteindre cet objectif, tout comme j'ai confiance que nous allons réussir à rétablir l'équilibre budgétaire en 2015», a-t-il ajouté.

Le Canada affiche la dette publique nette la plus faible de tous les pays du G7. En 2012, cette dette équivalait à moins de la moitié de la moyenne du G7.

Une cible «arbitraire»

Le critique adjoint du NPD en matière de finances, Guy Caron, a affirmé que la cible de 25 % est «arbitraire». «Si on veut une économie saine, on ne peut pas se laisser guider par des objectifs arbitraires. Pourquoi la cible de 25 %? Pourquoi pas 28 % ou 29 %? Tout dépend de la situation de l'économie et si on adopte de nouvelles mesures d'austérité pour atteindre cet objectif, on risque de nuire à la croissance», a-t-il dit.

Le député libéral Ralph Goodale a, pour sa part, affirmé que les conservateurs n'ont jamais atteint leur cible budgétaire dans le passé et que la cible de 25 % est loin d'être révolutionnaire. «Ils sont en retard de 10 ans. Quand j'étais ministre des Finances, nous visions un ratio de 20 % en 2020 et nous avions les politiques budgétaires pour y arriver», a-t-il dit.

M. Goodale a aussi rappelé que M. Harper avait affirmé en 2007 vouloir rembourser toute la dette nette fédérale d'ici 2021. «C'est clairement un aveu d'échec de sa part.»

Pas une nouvelle politique

Réduire le ratio de la dette à 25 % du PIB n'est pas une nouvelle politique d'Ottawa. Dans son premier budget, l'ancien ministre des Finances dans le gouvernement libéral de Paul Martin, Ralph Goodale, s'était engagé en 2004 à réduire le poids de la dette en proportion de la taille de l'économie à 25 % d'ici... 2014-2015. Cette politique fiscale devait permettre au gouvernement fédéral de «mieux composer avec les pressions financières qu'exercera le vieillissement de la population».

À l'époque, le gouvernement fédéral nageait dans les surplus budgétaires qui étaient utilisés pour rembourser la dette accumulée. Le ratio dette/PIB s'élevait d'ailleurs à 28,2 %. Mais la crise économique mondiale de 2008 a plongé Ottawa dans une spirale de déficit et fait dérailler ce plan.