Le FMI s'inquiète des «risques» accrus pour les pays émergents déstabilisés par le futur infléchissement de la Banque centrale américaine (Fed) et une croissance «décevante», selon une note publiée mercredi en amont du G20.

«L'élan est plus faible pour les économies émergentes et en développement», souligne le Fonds monétaire international dans ce document destiné aux dirigeants des principaux pays développés et émergents, réunis jeudi et vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie.

Selon le Fonds, ces pays sont «les plus durement» touchés par le ralentissement prochain du soutien de la Fed à l'économie américaine, qui risque de déclencher «des réactions excessives sur les marchés financiers et des changes». «Cette réduction pourrait intervenir dès septembre», rappelle l'institution.

Dans cette perspective et en préparation d'une remontée des taux aux États-Unis, certains investisseurs ont déjà commencé à retirer leurs fonds des pays émergents, provoquant le plongeon des devises indienne, brésilienne ou turque.

Selon le FMI, les pays émergents pourraient, en réaction, intervenir sur le marché des changes pour stabiliser leurs monnaies mais doivent toutefois prendre garde aux conséquences d'«ajustements désordonnés» qui pourraient compliquer davantage la situation.

À ces tensions monétaires s'ajoutent «des nouvelles décevantes» sur le front de la croissance des pays émergents, indique le document. Le Fonds évoque également une «aggravation de leurs vulnérabilités financières internes et/ou macroéconomiques», citant notamment l'inflation élevée au Brésil et en Inde ou la progression «rapide» du crédit en Chine.

Les prévisions de croissance dans ces pays sont d'ailleurs «en train» d'être révisées à la baisse, souligne l'institution, qui avait déjà pointé l'état de santé préoccupant des pays émergents en juillet.

Dans ce contexte, le salut de l'économie mondiale devrait à nouveau passer par les pays industrialisés, selon le document.

«Le soutien de la croissance mondiale devrait, à court terme, principalement venir des États-Unis», explique le Fonds qui salue également les performances du Japon, irriguées par la politique expansionniste de sa banque centrale.

Le Fonds note également que la zone euro, autrefois épicentre de la crise, a «émergé de la récession» après six trimestres consécutifs de contraction. Mais l'activité dans la région devrait rester «morose» et des «tensions» sur les marchés financiers pourraient à nouveau se faire jour en cas d'inertie politique, d'après l'institution.

Un plan d'aide de 6,7 milliards au Pakistan

Le FMI a annoncé mercredi avoir accordé un plan d'aide de 6,7 milliards de dollars au Pakistan afin de favoriser un «rebond» de la croissance du pays, actuellement en grande difficulté financière.

Un premier prêt de 540 millions de dollars a été versé aux autorités d'Islamabad dans le cadre de ce programme étalé sur trois ans et soumis à des évaluations trimestrielles, a précisé le conseil d'administration du FMI, qui représente ses 188 États membres.

«Le programme devra aider l'économie (pakistanaise) à rebondir, prévenir une crise de la balance des paiements, reconstruire les réserves de change et réduire le déficit budgétaire», souligne le conseil d'administration dans un bref communiqué.

Le montant finalement accordé est bien supérieur aux 5,3 milliards de dollars évoqués par le ministre des Finances pakistanais Ishaq Dar début juillet.

Les autorités d'Islamabad avaient alors assuré qu'une aide du Fonds était le seul moyen d'éviter un défaut de paiement du pays dans un contexte de croissance atone et de flambée du déficit budgétaire (près de 9% du produit intérieur brut en 2012).

En 2011, le Fonds avait abandonné un premier programme d'aide en faveur du Pakistan, portant au total sur 11,3 milliards de dollars, en raison du refus d'Islamabad d'appliquer un strict programme de réformes financières.