L'OCDE croit à une poursuite de la reprise économique mondiale mais, sur fond d'inquiétudes pour les pays émergents, a appelé mardi toutes les banques centrales à soutenir le mouvement pour éviter son «déraillement».

«Le rythme de la reprise dans les principales économies mondiales s'est amélioré au deuxième trimestre et la croissance devrait se maintenir aux mêmes taux au deuxième semestre», affirme l'Organisation de coopération et de développement économiques dans son «Évaluation économique intermédiaire», publiée pour la première fois.

À la veille du sommet du G20 de Saint-Pétersbourg en Russie, l'OCDE remet ainsi à jour ses prévisions économiques en date du 29 mai.

L'institution basée à Paris parle de «taux encourageants» de croissance pour l'Amérique du Nord, le Japon et le Royaume-Uni, et juge que «la zone euro dans son ensemble n'est plus en récession.»

Pour la France en particulier, l'OCDE a revu en hausse son pronostic. Elle table désormais sur une croissance de 0,3% cette année, là où elle voyait encore une contraction d'ampleur équivalente du produit intérieur brut hexagonal à la fin du printemps.

L'organisation se montre plus optimiste pour Paris que le FMI et la Commission européenne, campés tous deux sur des pronostics négatifs (-0,2% et -0,1%), et même le gouvernement français, dont l'hypothèse de base reste une croissance de 0,1%.

Par ailleurs, l'OCDE, estime que «la croissance en Chine semble avoir passé le cap»: elle l'attend à 7,4% cette année, contre une prévision de 7,8% fin mai. Une révision à la baisse relativement modérée, alors que certains indicateurs faisaient craindre le pire jusque récemment pour l'économie chinoise.

Dans le détail, l'OCDE attend désormais une croissance 2013 de 1,7% pour les États-Unis (contre 1,9% fin mai), 1,6% pour le Japon (inchangé), 0,7% pour l'Allemagne (contre 0,4% avant), et 1,5% pour le Royaume-Uni (contre 0,8%).

«Continuer à soutenir la demande»

Dans sa publication, l'OCDE souligne toutefois que la reprise n'est pas «fermement établie», au vu notamment des «difficultés auxquelles font face certaines économies émergentes, en particulier celles ayant d'importants déficits courants.»

Rappelant que les turbulences que traversent certains pays, comme l'Inde qui a vu sa monnaie s'effondrer, reposent partiellement sur la crainte d'un tour de vis de la Réserve fédérale américaine (Fed), l'OCDE se fend d'un avertissement: «Il est nécessaire de continuer à soutenir la demande, y compris à travers des mesures de politiques monétaires non conventionnelles, pour réduire le risque d'un déraillement de la reprise».

La Fed a annoncé son intention de revenir sur sa politique très agressive de soutien à l'économie américaine, connue sous le terme technique d' «assouplissement quantitatif». Elle consiste en clair à faire marcher la planche à billets en achetant en masse des actifs financiers aux banques, notamment des bons du Trésor.

L'OCDE estime certes qu'il serait «approprié de réduire progressivement le rythme d'achat» d'actifs de la Fed, mais enjoint la banque centrale américaine à «garder des taux bas pendant un certain temps».

Au Japon, la politique monétaire très expansive «doit continuer» tandis qu'en zone euro, l'OCDE voit «une marge de manoeuvre pour poursuivre» l'assouplissement monétaire.

L'organisation fait même savoir à la Banque centrale européenne que «des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires» pour relancer le crédit.

Enfin, pour ce qui concerne les pays émergents dont les monnaies sont attaquées, l'OCDE estime qu'ils ne «devraient en règle générale pas résister» à la dépréciation de leurs devises, tout en gardant à l'oeil le risque d'une flambée de l'inflation.