La roupie indienne a atteint un nouveau plus bas historique mardi, affaiblie par les craintes sur le ralentissement économique et le coût du gigantesque plan d'aide alimentaire à deux tiers de la population.

La devise indienne, qui affiche la plus forte baisse des grandes monnaies asiatiques depuis le début de l'année (près de 20%), a atteint 66,30 roupies pour un dollar US mardi, un nouveau plus bas historique, avant de remonter légèrement à la clôture à 66,24. La Bourse de Bombay reculait de 3,18% à la clôture à 17,968 points.

Le plan d'aide alimentaire adopté lundi par le Parlement a pesé sur la devise. D'un coût de 230 milliards de roupies (2,6 milliards d'euros, 3,5 milliards de dollars US), il porte à 1.250 milliards de roupies (19 milliards USD) le coût annuel de l'aide alimentaire par an, selon les chiffres du gouvernement.

Le ministre des Finances, P. Chidambaram, a assuré que le pays pouvait assumer le coût de ce programme. «Nous avons fait nos comptes, il y a assez d'argent pour ce plan d'aide alimentaire» sans qu'il soit nécessaire de passer outre l'objectif de déficit budgétaire, qui est de 4,8%, a déclaré le ministre.

Ce nouveau plan prévoit de fournir des céréales à prix subventionné à 800 millions de personnes, soit les deux tiers de la population.

Le Parti du Congrès, au pouvoir, en espère des retombées dans les urnes en mai 2014 lors des élections générales qu'il aborde en situation délicate, en raison notamment de plusieurs scandales de corruption impliquant des ministres.

Les critiques de ce plan en soulignent le coût et prévoient que ses subsides se perdront dans le réseau de distribution public d'aide alimentaire, notoirement corrompu.

En dépit de décennies de forte croissance, une partie de la population connaît des disettes, et plus de 40% des enfants sont victimes de malnutrition, selon une étude publiée en 2012.

L'Inde possède déjà le plus important système de distribution d'aide alimentaire au monde, touchant des centaines de millions de personnes, mais ce plan doit permettre de fournir des céréales à des prix plus bas et de mieux cibler les plus démunis.

Depuis le printemps, la roupie pâtit, comme d'autres monnaies de pays émergents, de la fin attendue de l'abondance des liquidités sur le marché, avec la prochaine normalisation de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.

Mais elle souffre aussi de maux propres à son pays: une croissance en berne (5% pour l'année budgétaire 2012/13, soit le taux le plus faible depuis dix ans), un agenda de réformes économiques quasiment au point mort, le gouvernement optant pour le statu quo avant les élections de mai, une corruption endémique et un déficit courant élevé (4,5% du PIB).