Le Bangladesh a démenti mardi avoir le projet de prendre le contrôle du pionnier du micro-crédit Grameen Bank, qui a permis a des millions de personnes de sortir de la pauvreté.

La déclaration d'un porte-parole du gouvernement est intervenue après la publication d'un rapport d'une commission qui recommandait que le gouvernement augmente sa participation dans la banque de 25% à 51%.

«Le gouvernement n'a aucun plan prévoyant l'augmentation de sa participation dans la banque de 25% à 51%», a affirmé à l'AFP Shahedur Rahman, porte-parole du ministère des finances.

Un rapport préliminaire de cette commission nommée par le gouvernement recommandait que celui-ci devienne actionnaire majoritaire de la banque, diluant ainsi les parts des emprunteurs pauvres qui sont également actionnaires.

La version finale de ce rapport pourrait être rendue publique dès cette semaine.

Plusieurs ministres du Bangladesh ont estimé que le gouvernement devait prendre le contrôle de la banque pour renforcer la surveillance de celle-ci.

Ils affirment que la banque avait dérivé de sa mission originelle de prêts pour les pauvres en montant plusieurs entreprises sans aucun lien avec le micro-crédit.

La Grameen et son fondateur Muhammad Yunus avaient conjointement remporté le prix Nobel de la paix en 2006.

En juin, M. Yunus avait accusé le gouvernement du Bangladesh de «voler» l'établissement aux pauvres qui bénéficient de ses prêts.

«La reprise par le gouvernement d'une institution financière saine détenue par huit millions de femmes pauvres serait un abus de pouvoir extrême» de sa part, avait-il déclaré. «Les options présentées par la commission d'enquête sont totalement hors sujet et impossibles à mettre en oeuvre».

M. Yunus avait été contraint de démissionner de la Grameen Bank en 2011, au terme d'un long bras de fer juridique avec le gouvernement. La raison officielle était qu'il avait largement dépassé l'âge maximal pour le départ à retraite.

La justice avait estimé que la banque, créée en 1983, était une institution gouvernementale et non une banque privée détenue par ses prêteurs comme M. Yunus et ses avocats l'avaient soutenu.

La commission a également recommandé que l'institution soit divisée en 19 entités, chapeautées par une organisation centrale.

Certains experts craignent que ces propositions, si elles sont approuvées par le gouvernement, ne mettent en péril l'avenir de la banque.

Pour Baqui Khalily, professeur de finance et directeur de l'Institut de microfinance, «la structure proposée pour la banque n'apportera pas une durabilité nécessaire. Elle devrait au contraire la ronger».

«Diviser l'établissement ne va pas aider. Le gouvernement a divisé sa banque spécialisée dans l'agriculture et aucune des deux entités n'est viable au final», a ajouté l'analyste.