Total prévoit de transférer à Londres la gestion de sa trésorerie et une partie de sa communication financière, soit 70 personnes au total, afin, affirme-t-il, d'être «en contact direct» avec la capitale financière et pétrolière européenne.

«C'est en discussion avec les instances représentatives» du personnel, a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe, en confirmant une information de Mediapart. «Si le projet est adopté, cela ne serait pas avant la fin de l'année», a-t-elle précisé.

Total [[|ticker sym='TSS'|]] a assuré que cette décision n'était pas liée au niveau d'imposition en France, sujet de critiques à l'égard de François Hollande et du gouvernement de gauche, notamment dans les milieux économiques et patronaux.

«Il n'y a aucune motivation fiscale. Le centre de profit de la trésorerie reste en France et taxable en France. Nous avons obtenu de l'administration fiscale anglaise que cela soit toujours le cas», a déclaré à l'AFP le directeur financier de Total, Patrick de la Chevardière.

«Ce que l'on constate aujourd'hui c'est que même l'analyste pétrolier de la Société Générale est à Londres et la majorité de nos contacts sur les marchés sont à Londres», a souligné M. de la Chevardière.

Le projet de Total consiste selon lui à se rapprocher de la principale place financière et pétrolière européenne, afin notamment de mieux négocier les conditions de son financement avec les banques et les marchés.

«Ce n'est pas un désaveu de la place de Paris. Je pense que c'est spécifique à l'ADN de Total qui est une société pétrolière et internationale. Or la place pétrolière européenne, elle est à Londres», selon M. de la Chevardière.

Le plan concerne environ 60 personnes à la trésorerie, actuellement basée au siège de La Défense près de Paris, et une dizaine à la communication financière. Seule une poignée de personnes chargées spécifiquement des relations avec les actionnaires individuels (pratiquement tous français) resteront au siège.

Les salariés transférés «seront en contact physique direct avec ceux qui font le marché. On aura directement l'information à la source», a fait valoir le directeur financier à l'AFP.

Ce meilleur contact pourrait notamment permettre à Total de négocier de meilleures conditions financières pour ses emprunts ou ses placements de trésorerie, qui, rapportées à l'ensemble de ses transactions annuelles, pourraient lui faire économiser des dizaines de millions d'euros, selon M. de la Chevardière.

«Et j'ai bien l'intention qu'on les gagne», a-t-il souligné.

Total s'est toutefois efforcé de minimiser la portée du transfert.

«Le "Comex" (le comité exécutif, composé du PDG Christophe de Margerie et de ses cinq principaux lieutenants) ne bouge pas, le directeur financier du groupe ne bouge pas», a précisé le groupe.

«On bougerait 75 personnes sur un groupe de 100 000 personnes (10 000 au siège du groupe à La Défense, ndlr). Il ne faut quand même pas exagérer, c'est quand même un mouvement assez léger; on ne parle pas de bouger le siège du groupe», a plaidé M. de la Chevardière.

Près de 80% des analystes qui suivent le groupe français sont basés à Londres, et 80% des conférences du secteur s'y déroulent, a également fait valoir Total.

Le groupe français a déjà depuis de nombreuses années son importante activité de trading pétrolier à Genève en Suisse.