L'économie espagnole est restée en récession au deuxième trimestre mais semble proche d'en sortir, avec un recul du PIB de seulement 0,1%, selon les estimations mardi de la Banque d'Espagne, tandis que le pays continue de se financer moins cher.

Entre avril et juin, «l'économie espagnole a modéré de manière significative le rythme de contraction de l'activité», a souligné la banque centrale dans son bulletin économique, et «selon l'information disponible, qui est encore incomplète, nous estimons que le PIB a diminué de 0,1% en rythme trimestriel», mieux que le recul de 0,5% au premier trimestre.

Parallèlement, le Trésor a payé moins cher mardi matin pour emprunter 3,519 milliards d'euros en bons à trois et neuf mois, ce qui lui permet d'avoir déjà bouclé 73,3% de son programme de financement, selon le ministère de l'Économie.

Les taux d'intérêt ont nettement baissé par rapport à la dernière émission similaire, le 25 juin: pour les bons à trois mois, le taux a été divisé par deux à 0,442%, contre 0,869%, et pour ceux à neuf mois, il a atteint 1,152%, contre 1,441% la dernière fois.

La quatrième économie de la zone euro, plongée en récession depuis mi-2011, avait été fortement chahutée par les marchés en 2012, ce qui l'avait presque acculée à demander un sauvetage financier européen. Cette aide s'est finalement limitée à son secteur bancaire, qui a reçu 41,3 milliards d'euros, et depuis le pays tente de regagner la confiance des marchés.

Point positif, sa récession s'est modérée au deuxième trimestre, grâce à «la vigueur de la demande extérieure nette, stimulée par le dynamisme des exportations des biens et services, qui a contribué à hauteur de 0,4 point de pourcentage au rythme trimestriel du PIB», souligne la Banque d'Espagne.

Dans un pays frappé par un taux de chômage record (27,16%), la consommation des ménages reste en berne, même si elle ne recule plus que de 0,6%, contre -0,7% trois mois plus tôt.

Les chiffres officiels de la croissance, qui confirment généralement les prévisions de la banque centrale, seront connus le 30 juillet.

Le gouvernement lui-même anticipe un retour au vert au troisième trimestre.

Pourtant, la situation économique du pays reste compliquée: «nous continuons de penser que l'idée que l'Espagne est à l'aube d'une reprise économique est bien trop optimiste», écrit ainsi l'analyste Ben May, de Capital Economics, dans une note publiée mardi.

«Nous prévoyons une demande faible dans les principales destinations des exportations espagnoles, donc le soutien apporté par le secteur extérieur devrait diminuer dans les prochains trimestres», tandis que «la demande interne va probablement se contracter encore plus», estime-t-il, craignant que le pays ait du mal à réduire son déficit comme prévu et que les créances douteuses des banques grimpent encore.

Selon la Banque d'Espagne, ces prêts risquant de ne pas être remboursés, hérités de l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, représentaient en mai 11,21% du total des crédits et sont désormais proches du record absolu atteint en novembre dernier (11,23%).

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne continuent eux aussi de s'inquiéter pour l'Espagne: «les risques pour l'économie et par conséquent sur le secteur financier restent élevés», a mis en garde le Fonds, car le pays doit encore équilibrer ses comptes, baisser les prix des logements et diminuer la dette privée.

Pour la Commission, «des risques persistent dans un contexte de chômage élevé, de contraction de l'activité, d'une dette privée en Espagne et envers l'extérieur toujours importante et d'une dette publique qui augmente rapidement».