Les grandes puissances du G20 sont tombées d'accord samedi à Moscou pour donner la priorité à la croissance à court terme, reléguant au second plan la discipline budgétaire, en raison d'une économie mondiale fragile.

Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays riches et émergents réunis depuis vendredi à Moscou pour préparer le sommet du G20 de Saint-Pétersbourg en septembre trouvent que «l'économie mondiale reste trop faible et la reprise fragile et inégale», selon leur communiqué final.

Dans le cadre de la préparation du plan d'action qui sera décidé lors du sommet de Saint-Pétersbourg, ils se sont samedi accordés sur le fait que la «priorité de court terme est de doper l'emploi et la croissance».

Le respect d'une discipline budgétaire, assortie d'objectifs chiffrés qui a eu cours ces dernières années à cause de la crise de la dette souveraine, reste «critique», mais c'est un objectif de «moyen terme».

«Il est clair dans l'esprit de tout le monde qu'il faut restaurer la confiance et créer les conditions pour la croissance et l'emploi», a commenté la directrice générale du FMI Christine Lagarde lors d'une conférence de presse.

«Le débat entre croissance et austérité semble être clos», a tranché un haut responsable américain.

Tout le monde a reconnu, même en Europe, que le vrai sujet est le chômage très élevé et la période de très faible croissance, a déclaré un négociateur sous couvert d'anonymat, évoquant sans la citer l'Allemagne, traditionnel défenseur de la rigueur budgétaire en Europe.

«Les divergences sont beaucoup moins vives qu'il y a quelques mois» sur l'équilibre à trouver entre croissance et réduction des déficits a affirmé le ministre français de l'Économie Pierre Moscovici, estimant qu'il n'y avait pas de «consensus spontané», mais que la question n'avait pas vraiment posé de difficultés.

Pour atteindre cet objectif de croissance à court terme, les ministres insistent dans leur communiqué sur la «réduction de la fragmentation des marchés financiers», «l'union bancaire en Europe», «le rééquilibrage de la croissance mondiale» ou encore le maintien des politiques monétaires accommodantes.

À la demande de certains pays émergents, les ministres ont aussi insisté sur le doigté nécessaire dont doivent faire preuve les grandes banques centrales, notamment la Fed, à l'heure d'achever progressivement leurs programmes non conventionnels de soutien à l'économie, perspective qui a provoqué beaucoup de volatilité sur certains marchés financiers émergents.

«Les changements futurs» de politique monétaire «continueront à être précautionneusement calibrés et clairement communiqués», selon le G20.

Volet fiscal

Un autre domaine où les ministres ont avancé est celui de la lutte contre la fraude et l'optimisation fiscale.

D'une part, le G20 Finances a endossé dans son intégralité les 15 propositions formulées jeudi par l'organisation des pays riches OCDE pour empêcher les grands groupes internationaux, (Google ou Microsoft se sont retrouvés sous le feu des critiques par exemple), de profiter des failles fiscales et de s'affranchir très largement de l'impôt.

«Nous endossons complètement le plan ambitieux de l'OCDE» en 15 points, ont dit les ministres. Le plan sera présenté aux chefs d'État à Saint-Pétersbourg.

«C'est une très grande satisfaction», s'est réjoui le ministre français Pierre Moscovici.

Le communiqué des ministres des Finances reste vague sur le calendrier de mise en oeuvre, alors que l'OCDE plaidait pour une application d'ici deux ans. Mais, selon M. Moscovici, si le projet est définitivement adopté à Saint-Pétersbourg, «ce sera irrésistible».

Plusieurs négociateurs ont relevé qu'il y avait eu un consensus sur ce projet, mais que l'Inde souhaitait ajouter des propositions aux 15 mesures.

Un autre volet fiscal abordé par les ministres est celui de l'échange automatique d'informations bancaires entre pays pour lutter contre la fraude, sur lequel le G20 veut accélérer.

«Nous soutenons l'échange automatique d'information comme le nouveau standard mondial et nous soutenons complètement le travail de l'OCDE avec les pays du G20 pour établir un tel standard. Nous demandons à l'OCDE de préparer un rapport d'étape d'ici notre prochaine réunion, avec calendrier d'achèvement des travaux en 2014», écrit le G20.