Après quelques semaines de recherche, Florian Perate et sa copine Caroline Loiseleux ont trouvé LA perle rare: un appartement de 50 mètres carrés dans un quartier central de Paris, rénové en respectant son cachet d'origine, et doté d'un jardin. Tout cela pour 1760$CAN par mois, une aubaine par rapport aux standards locaux.

«J'ai eu de la chance, dit d'emblée Mme Loiseleux, encore en train de défaire des boîtes lorsque La Presse l'a rencontrée hier. Il y a vraiment les extrêmes: ou tu as de la chance ou tu galères.»

Si ce jeune couple de sommeliers a eu un coup de pouce du hasard, nombre de Français peuvent eux aussi s'attendre à trouver un logement à meilleur marché au cours des prochains mois. Le prix des loyers a affiché un recul assez marqué depuis un an, conséquence directe de la crise profonde qui secoue le pays. Et rien ne pointe vers un inversement rapide de cette tendance.

«La hausse du chômage et l'économie du pays rendent les gens plus frileux, indique en entrevue Laurent Vimont, président de l'agence immobilière Century 21 en France. Les gens déménagent moins et les loyers baissent.»

Selon une étude publiée cette semaine par Century 21, le coût moyen d'un logement a fléchi de 1,7% en France au cours des 12 derniers mois. En tenant compte de l'inflation pendant cette période, la baisse réelle atteint 2,5%.

Le recul est particulièrement abrupt pour certaines catégories de logements, surtout les plus spacieux. Dans la grande région parisienne, le loyer des appartements de 4 pièces (l'équivalent d'un 5 québécois) a ainsi diminué de 11,3% depuis un an, à 1092 euros (1475 $) en moyenne.

Des baisses majeures ont aussi été observées pour les logements de 4 pièces à Marseille (-8,4%), indique Century 21.

En parallèle, l'offre d'appartements à louer grimpe en flèche. Chez Foncia, principale agence immobilière de location de France, les stocks de logements disponibles ont bondi de 12% depuis un an à l'échelle nationale, et de 24% dans la région parisienne, rapportait cette semaine le quotidien Les Échos.

L'exception parisienne

Malgré certains ajustements, le marché du Paris intramuros demeure une exception dans le paysage immobilier français. La faible construction de nouveaux logements - à peine 800 l'an dernier à l'intérieur des limites de la ville - contribue à créer une rareté qui maintient les prix élevés.

Or, Paris totalise à peine 5% de l'offre locative de tout le pays, rappelle le président de Century 21. On ne peut donc utiliser la capitale pour avoir une idée claire de la situation nationale. «Paris n'est pas la France», tranche-t-il.

Stéphane Fortin, ingénieur québécois installé en France depuis 10 ans, a expérimenté en première ligne cette exception parisienne l'automne dernier. Il a dû quitter son appartement du 14e arrondissement après une reprise par le propriétaire.

Son nouveau logement de 75 mètres carrés, dans la proche banlieue de Boulogne-Billancourt, lui coûte plus cher - 1800 euros par mois ou 2431$ - que celui qu'il a quitté dans un quartier central de Paris. «Pour moi, ce ne sera jamais un bon deal, c'est toujours trop cher... mais c'est le prix du marché», explique-t-il.

Selon les données de Century 21, le loyer moyen des studios s'élève à 691 euros (933$) à Paris, celui des 2 pièces (l'équivalent d'un 3 québécois), à 1026 euros (1385$), tandis que les 3 pièces se louent en moyenne 1464 euros (1976$) et les 4 pièces, 1956 euros (2641$).

Ces deux dernières catégories d'appartements - plus vastes - ont vu leur loyer moyen fléchir de 0,3% et 2,5% depuis un an dans la capitale.

Le marché de l'immobilier locatif n'est pas seul à afficher un recul en France. Celui de la revente aussi. Selon des données publiées cette semaine par la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), les prix ont baissé en moyenne de 3,6% à l'échelle nationale pendant le premier semestre de 2013, par rapport aux six premiers mois de 2012. La faiblesse historique des taux hypothécaires - on peut emprunter à 2,60% sur 15 ans ici - devrait toutefois limiter la chute du marché, croient plusieurs intervenants.

La FNAIM s'attend à 635 000 transactions au pays cette année, un repli de 72 000 par rapport à l'an dernier.