À trois mois des législatives allemandes, la chancelière Angela Merkel, héraut de la rigueur budgétaire en Europe, a présenté un programme électoral dont les promesses se chiffrent en dizaines de milliards.

Mais les Unions chrétiennes CDU/CSU assurent qu'après les élections législatives du 22 septembre les impôts n'augmenteront pas et que la rigueur budgétaire est toujours la priorité.

Hausse --non chiffrée-- des allocations familiales et relèvement des retraites des mères de famille figurent en tête des promesses électorales de la chancelière, ainsi qu'un nouveau mode de calcul de l'impôt sur le revenu qui devrait progressivement favoriser les familles avec des enfants.

La campagne des conservateurs devrait toutefois être surtout axée sur la personne d'Angela Merkel, tant elle jouit d'une popularité record qui pourrait lui permettre d'obtenir un troisième mandat de quatre ans.

Un caricaturiste résumait le programme des conservateurs par ce slogan: «M-E-R-K-E-L».

Considérée comme la femme la plus puissante de la planète, Angela Merkel, 58 ans, ne semble pas gagnée par l'usure du pouvoir alors qu'elle dirige la première économie européenne depuis près de huit ans.

Elle reste la personnalité politique préférée des Allemands grâce à sa gestion de la crise en Europe qui lui vaut pourtant une grande hostilité dans plusieurs pays du Sud de l'Europe.

Mais selon les derniers sondages, la coalition actuelle conservateurs-libéraux (FDP) est à égalité d'intentions de vote avec les sociaux-démocrates (SPD) alliés au Verts.

Derniers partis à présenter leur programme, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et sa petite soeur bavaroise Union chrétienne-sociale (CSU) ont adopté un document de près de 130 pages intitulé «Ensemble pour le succès de l'Allemagne» qui devait être officiellement présenté lundi lors d'un congrès des deux partis à Berlin.

Traditionnelle défenseure des valeurs dites familiales, la droite exclut toute hausse d'impôts. «Nous croyons qu'(...) en motivant notre secteur des PME, en motivant nos familles, les chances de parvenir à une augmentation des rentrées fiscales sont beaucoup plus grandes que si nous créons de la démotivation à travers des hausses d'impôts», a assuré Mme Merkel.

Les sociaux-démocrates et les Verts, avec lesquels le SPD aimerait gouverner après le 22 septembre, ont eux annoncé une hausse de la fiscalité.

En cas de troisième mandat, Mme Merkel veut en outre plafonner les hausses de loyers pour les nouveaux baux, coupant au passage l'herbe sous les pieds du SPD, et lancer un vaste programme d'investissements dans les infrastructures routières dont le montant est évalué à 25 milliards d'euros.

La CDU, qui a dirigé tous les gouvernements depuis la Seconde Guerre mondiale à l'exception de la période 1969-1982 puis 1998-2005, n'a pas chiffré le montant de ses promesses mais selon la presse, elles pourraient s'élever à quelque 28 milliards d'euros.

Elles ont provoqué l'ire des autres partis politiques alors qu'en Europe Angela Merkel ne cesse d'affirmer que les États doivent se serrer la ceinture et assainir leurs finances publiques.

«Le projet (...), ce sont des finances solides, stopper le déficit budgétaire, rembourser les dettes et investir pour l'avenir», a aussitôt martelé la chancelière.

«Durant la prochaine législature (2013 - 2017), nous voulons parvenir au point où nous n'avons pas de déficit et même commencer à rembourser la dette», a-t-elle ajouté.

Mais son partenaire de coalition actuel, et son préféré pour l'avenir, le Parti libéral FDP, a vivement critiqué ces promesses de dépenses qu'il considère comme «un poison sucré», selon son dirigeant Philipp Rösler.

Le chef du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, assure, lui, que l'Allemagne a les moyens de financer ces promesses électorales.

Angela Merkel a également réaffirmé son engagement envers l'euro. «L'Allemagne ne réussira que si l'Europe dans son ensemble réussit», a assuré Mme Merkel. «Nous voulons que l'Europe sorte plus forte de la crise qu'elle n'y est entrée».

Elle a aussi montré sa constance à l'égard de la Turquie, renouvelant son opposition à une adhésion à l'Union européenne. La CDU a renoncé à employer le terme de «partenariat privilégié», Ankara se montrant opposé à cette option, mais a précisé néanmoins que la position de fond n'avait pas changé.

«Nous voulons une coopération si possible forte entre l'Union européenne et la Turquie ainsi qu'une étroite collaboration stratégique dans les questions de politique étrangère et de sécurité», selon ce programme de la CDU.