Le commissaire européen chargé de l'Industrie, Antonio Tajani, a présenté mardi au Parlement européen un plan d'action pour relancer l'industrie sidérurgique qui, selon la Commission, a toujours «un avenir prometteur» en Europe malgré une demande faible et une surcapacité mondiale.

«L'industrie sidérurgique a un avenir prometteur en Europe. En maintenant sa position traditionnelle de chef de file dans la fabrication de produits innovants, elle est capable d'acquérir un avantage concurrentiel à l'échelle mondiale», a affirmé M. Tajani en présentant son plan.

La sidérurgie constitue «un secteur stratégique important pour l'Europe et un moteur de croissance (...) Nous souhaitons que d'ici à 2020 la part de l'industrie dans le PIB soit de l'ordre de 20 %», a ajouté le commissaire italien.

Le plan de M. Tajani ne prévoit pas d'aides directes au secteur, mais vise à stimuler la demande notamment dans le domaine de la «voiture propre» et des immeubles à faible consommation d'énergie, deux des principaux débouchés de l'acier en Europe.

Le commissaire entend améliorer l'accès de l'acier européen aux marchés étrangers en luttant contre «les pratiques déloyales» et en garantissant l'accès aux matières premières essentielles pour le secteur.

«Les marchés de la ferraille seront surveillés afin de renforcer la sécurité de l'approvisionnement des entreprises sidérurgiques de l'UE» qui l'utilisent comme matière première.

La Commission européenne s'est également engagée à réduire les coûts supportés par l'industrie, notamment ceux qui découlent de la réglementation de l'UE. Cette proposition est d'ores et déjà critiquée par les écologistes qui y voient «une remise en cause» de la politique européenne de lutte contre le réchauffement climatique.

«Ce n'est pas en considérant que le cadre environnemental est une contrainte que l'Europe valorisera des productions à haute valeur ajoutée», a estimé l'eurodéputé Vert français Yannick Jadot qui accuse le plan de «servir les intérêts de M. Mittal».

La Commission souhaite également «rendre abordable» les coûts de l'énergie dont la sidérurgie est grande consommatrice.

Pour parvenir à cet objectif, M. Tajani compte sur la mise en place du marché intérieur de l'énergie et la diversification de l'offre. «Cela conduira à réduire les coûts», a-t-il estimé. Il a également préconisé qu'industriels et producteurs d'énergie concluent des contrats d'électricité à long terme à des prix intéressants.

Le plan sera évalué d'ici un an pour vérifier s'il remplit ses objectifs.

Confrontée à une demande d'acier déclinante dans l'UE - 27 % en dessous de son niveau d'avant la crise -, la sidérurgie européenne est soumise à rude épreuve. L'emploi dans le secteur a diminué de 10 % entre 2007 et 2011.

Malgré cela, l'UE reste le deuxième producteur d'acier au monde, avec une production de plus 177 millions de tonnes d'acier par an - soit 11 % de la production mondiale -, et emploie plus de 360 000 personnes.

Selon l'OCDE, la demande mondiale d'acier devrait augmenter et atteindre 2,3 milliards de tonnes d'ici à 2025, principalement dans la construction, les transports et l'ingénierie mécanique, en particulier dans les économies émergentes.