L'euro évoluait à des niveaux plus vus en trois mois, effleurant même brièvement le seuil de 1,33 dollar après le maintien par la Banque centrale européenne (BCE) de son principal taux, dans un marché fébrile avant les chiffres de l'emploi aux États-Unis.

Vers 17 h (heure de Montréal), l'euro valait 1,3243 dollar contre 1,3089 dollar mercredi à la même heure, après s'être hissé plus tôt jusqu'à 1,3305 dollar, à son plus haut niveau depuis le 25 février.

L'euro baissait face à la devise nippone à 128,55 yens contre 129,79 yens mercredi soir.

Le dollar dégringolait face à la monnaie japonaise à 97,07 yens contre 99,16 yens mercredi soir, après une chute plus tôt jusqu'à 95,91 yens, à un plus bas depuis le 15 avril.

L'euro évoluait à des niveaux plus vus depuis cet hiver, au-dessus de 1,32 dollar, dopé par la décision de la BCE de maintenir son taux directeur à 0,50%, son plus bas niveau historique auquel il a été fixé en mai, dans un contexte d'«amélioration graduelle» de l'activité en zone euro.

D'autre part, si l'institut monétaire de Francfort a revu en baisse sa prévision de PIB pour 2013 pour la zone euro, avec un recul attendu de 0,6% contre 0,5% auparavant, elle a néanmoins relevé sa prévision pour 2014 à +1,1% au lieu de +1%.

Alors «que de nombreux courtiers recherchaient des indications sur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire, (le président de la BCE) Mario Draghi n'a pas laissé anticiper d'éventuelles baisses de taux dans un futur proche», a noté Omer Esiner, de Commonwealth Foreign Exchange.

Surtout, alors que certains s'attendaient à un passage en territoire négatif du taux de rémunération des dépôts, que les banques confient à la BCE pour les inciter à prêter davantage aux entreprises notamment, «M. Draghi a affirmé que ce n'était pas le moment», a commenté M. Esiner.

Éloignant le risque que de nouvelles mesures de soutien monétaire faisaient peser sur la valeur de l'euro, qu'elles auraient tendance à diluer, la BCE a ainsi créé les conditions d'un net mouvement d'achat de la devise européenne, notamment face au dollar.

Cela a créé «un effet en cascade sur les autres monnaies, notamment sur le dollar/yen: les cambistes ayant trop parié sur une hausse du dollar se débarrassant de leurs positions», a relevé Sébastien Galy, de la Société Générale.

D'autre part, le marché des changes était d'une nervosité croissante à la veille de la publication des chiffres de l'emploi et du chômage aux États unis pour mai, jugés cruciaux pour évaluer la solidité de la reprise de l'économie américaine.

«Le marché anticipe que les nouvelles ne seront ni très bonnes, ni très mauvaises» à la lumière des récents indicateurs ressortis en demi-teinte, a noté M. Galy.

«Mais si ces chiffres déçoivent, cela pourrait faire heurter fortement le dollar», a-t-il jugé.

Ce serait d'une part un mauvais signe pour l'économie américaine et éloignerait les acheteurs de sa devise. D'autre part, de tels chiffres amplifieraient les attentes d'un maintien de la politique ultra expansionniste de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a tendance à diluer la valeur du billet vert.

Vers 17 h, la livre britannique montait légèrement face à l'euro à 84,90 pence pour un euro, et beaucoup plus nettement face au dollar à 1,5599 dollar.

La devise helvétique montait face à l'euro à 1,2312 franc suisse pour un euro, comme face au billet vert à 0,9296 franc pour un dollar.