L'euro progressait lundi face à un dollar ébranlé par des statistiques américaines décevantes qui renforçaient les attentes d'un maintien des mesures de soutien exceptionnelles de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie des États-Unis.

Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro valait 1,3076 dollar contre 1,2996 dollar vendredi vers 21H00 GMT.

La monnaie unique européenne reculait légèrement face à la devise nippone, à 130,13 yens contre 130,44 yens vendredi soir.

Le dollar reculait face à la monnaie japonaise sous le seuil des 100 yens, à 99,52 yens - après être tombé vers 15H20 GMT à 98,87 yens, son niveau le plus faible depuis le 9 mai - contre 100,37 yens vendredi.

Le billet vert était pénalisé lundi par un net mouvement de vente face aux grandes devises mondiales, dans le sillage de chiffres économiques décevants aux États-Unis en début d'échanges new-yorkais.

Surprise de taille, l'activité des industries manufacturières américaines s'est contractée en mai pour la première fois depuis novembre, selon un indice publié par l'association professionnelle ISM.

«Non seulement cet indice ressort en deçà des attentes mais il arrive en plus sous le seuil psychologique de 50%. Et cela rappelle aux marchés financiers que la reprise économique américaine, même plus solide qu'ailleurs, reste hésitante», a commenté Samarjit Shankar, de BNY Mellon.

L'indice manufacturier s'est en effet établi à 49%, sous le seuil de 50% qui marque la limite entre hausse et contraction de l'activité, pour la première fois depuis six mois.

Autre indicateur décevant, dans la construction aux États-Unis, les dépenses ont moins progressé que prévu en avril, avançant de 0,4% sur un an par rapport à mars, soit moins de la moitié de la hausse attendue par les analystes (+1,1%).

Les investisseurs «ont interprété la dégradation de l'activité manufacturière américaine comme un élément qui pourrait convaincre la Fed de se retenir de réduire ses rachats d'actifs sous peu», a noté Ishaq Siddiqi, analyste d'ETX Capital.

Les aides de la Fed, conditionnées à l'amélioration de la conjoncture américaine, ont pour effet de diluer la valeur du billet vert par le biais d'injections de liquidités dans le système financier américain.

En conséquence, tout signe montrant les hésitations de la reprise tendent à renforcer la devise américaine, faisant douter les investisseurs sur la santé de l'économie américaine.

Ces incertitudes sur la direction que va prendre la Fed «maintiennent les opérateurs dans un état bipolaire», ont relevé les analystes de Capital Spreads selon qui la série d'indicateurs macroéconomiques américains prévus cette semaine «va à coup sûr accroître la volatilité» des échanges.

Les cambistes attendaient notamment la sortie vendredi d'un rapport mensuel sur l'emploi et le chômage aux États-Unis en mai, crucial pour jauger la santé du marché du travail du pays et les intentions futures de la banque centrale américain.

En zone euro, le marché surveillait la décision jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) sur son taux directeur et sur ses mesures d'aide à la zone euro à l'issue de la réunion de juin de son Comité de politique monétaire.

Lundi, le président de l'institution Mario Draghi a déclaré à Shanghai s'attendre à une «amélioration graduelle» de la situation financière de la zone euro avant la fin de l'année.