La première contraction de la production manufacturière en Chine en sept mois, annoncée jeudi pour le mois de mai par la banque HSBC, signale que la croissance devrait continuer à baisser dans la deuxième économie mondiale, selon les analystes.

L'indice PMI des directeurs d'achat publié par la banque est tombé à 49,6, son plus faible niveau depuis octobre. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur indique une contraction.

La contraction anticipée par HSBC pour le mois en cours fait suite à un ralentissement de la hausse de l'activité manufacturière au mois d'avril, avec un indice PMI à 50,4, contre 51,6 en mars.

Les nouvelles commandes de l'industrie manufacturière dans son ensemble sont orientées à la baisse en mai, alors que le mois dernier, seules celles destinées à l'export connaissaient une contraction.

«Le refroidissement de l'activité manufacturière en mai reflète le ralentissement de la demande intérieure et la poursuite de vents contraires à l'extérieur», a commenté Qu Hongbin, principal économiste de HSBC pour la Chine, alors que les exportateurs chinois subissent notamment le contrecoup de la crise en Europe.

Au premier trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois est retombée à 7,7% en rythme annuel, après un léger rebond à 7,9% au quatrième trimestre 2012.

L'an dernier, la Chine a connu sa plus faible croissance en 13 ans, à 7,8%. Pékin a arrêté pour 2013 un objectif de croissance de 7,5%, au même niveau que l'an passé mais qui risque pour la première fois de ne pas être atteint.

Les économistes de Nomura prédisent désormais un tassement de la croissance à 7,5% au deuxième trimestre et à 7,3% pour la deuxième moitié de l'année.

Le recul de l'indice PMI indique une poursuite des opérations de déstockage des entreprises ainsi qu'une détérioration au niveau de l'emploi, relève de son côté Yao Wei, une économiste de la Société Générale basée à Hong Kong.

Aussi le chiffre provisoire pour mai met-il «fin à l'espoir d'un rebond de la croissance au deuxième trimestre», d'après elle.

Plus généralement, «la croissance de l'économie chinoise souffre d'un manque de dynamisme», souligne Mme Yao.

Les dirigeants chinois ont averti que la croissance ralentirait dans les années à venir, alors que Pékin veut accorder une place plus importante à la consommation des ménages dans une économie aujourd'hui fortement dépendante des investissements et des exportations.

Mais cette réorientation peine à se matérialiser alors que la hausse de l'investissement reste largement supérieure à celle des ventes de détail ou de la production industrielle.

Toujours préoccupé d'abord par le maintien de la croissance à un niveau élevé afin de préserver l'emploi et la stabilité sociale, le gouvernement chinois a assoupli dans le courant de l'an dernier sa politique monétaire et ouvert les vannes du crédit pour relancer l'activité.

Mais l'efficacité de ces mesures est moindre que par le passé ou tarde à se manifester, selon les analystes.

«La Chine doit se détourner de l'ancien modèle qui repose sur le crédit, l'immobilier et l'investissement», selon Alistair Thornton, économiste du cabinet IHS Global Insight basé à Pékin.

La situation actuelle de ralentissement de la croissance malgré un boom du crédit ces derniers mois «commence à avoir un impact sur l'emploi», met-il en garde.

«Les signes d'un essoufflement du marché de l'emploi devraient amener des mesures de soutien gouvernementales», notamment par des réductions d'impôt, estime pour sa part M. Qu, de HSBC.

L'indice PMI définitif de la banque pour le mois de mai doit être publié le 3 juin.