Le premier ministre du Japon, Shinzo Abe, s'est engagé hier à procéder à une déréglementation générale pour doper l'investissement et la croissance de la troisième puissance économique mondiale.

«Afin d'encourager l'investissement intérieur, je vais mettre en place un ensemble de mesures, dont la révision du système fiscal, des réformes budgétaires, financières et de dérégulation», a énuméré M. Abe lors d'un discours devant un parterre de professeurs et chefs d'entreprise.

Il ne s'est pas attardé sur les mesures envisagées dont le détail pourrait être fourni au courant de juin.

«C'est le moment de tirer la troisième flèche qui stimulera l'esprit d'entreprise», a-t-il lancé, en référence à sa politique économique à «trois flèches» que les médias nippons ont surnommé «Abenomics».

Arrivé au pouvoir à la fin de décembre, le conservateur Shinzo Abe en a déjà décoché deux: celle du soutien budgétaire - avec des programmes de grands travaux budgétés à hauteur de 105 milliards CAN au total - et celle de l'assouplissement monétaire - avec un flot de liquidités déversé dans les circuits par la Banque du Japon.

La «stratégie de croissance», qui comprend les incitations à investir, doit constituer la troisième.

«Pendant l'année budgétaire écoulée, l'investissement privé n'a atteint que 63 000 milliards de yens (627 milliards CAN au taux de change actuel), soit 10% du niveau d'avant la crise financière internationale» de 2008-2009, a expliqué M. Abe.

«Je vais éliminer tous les obstacles à l'investissement intérieur pour qu'il retrouve son niveau d'avant la crise financière», a ajouté le premier ministre qui s'est fixé une période de trois ans pour réussir.

Évoquant les autres pans de sa politique, le premier ministre a jugé que le pays croyait maintenant davantage à la possibilité de vaincre la déflation qui entrave l'économie de l'archipel depuis une quinzaine d'années et s'est réjoui d'un changement «d'atmosphère» depuis son arrivée au pouvoir.

La perspective d'une politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon a en effet entraîné une chute de plus de 25% du yen face au dollar et à l'euro en six mois, réjouissant les groupes exportateurs qui se plaignaient de sa vigueur excessive, ce qui a fait s'envoler la Bourse de Tokyo.

Le moral des consommateurs s'est aussi amélioré, et les chiffres de la croissance publiés jeudi ont fait état d'une augmentation dynamique de 0,9% du produit intérieur brut au premier trimestre par rapport au trimestre précédent.