L'Amérique latine traverse sa meilleure phase avec plusieurs de ses ressortissants à des postes importants sur la scène internationale, gonflée par une économie en croissance et la stabilité politique.

Le Brésil, la principale économie latino-américaine et la septième du monde, fait figure de proue, avec plusieurs grands événements sportifs en préparation, comme la Coupe des confédérations de football du 15 au 30 juin. Le mois d'après, le géant sud-américain recevra le nouveau pape argentin François, premier latino-américain à diriger l'Église catholique.

En 2014, le Brésil sera aussi le pays hôte de la Coupe du monde de football où l'on attend les prouesses du meilleur joueur du monde, l'Argentin Leo Messi. Et en 2016, Rio de Janeiro accueillera les jeux Olympiques.

De plus, le Brésilien Roberto Azevedo vient d'être élu à la direction générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), devenant le premier latino-américain à diriger cet organisme international.

L'élection en début de semaine de M. Azevedo, qui a évincé un autre latino-américain, le Mexicain Herminio Blanco, répond aux aspirations de l'Amérique latine d'atteindre «un ordre économique mondial plus juste», s'est félicitée la présidente Dilma Rousseff.

«Tous ces aspects sont positifs, car ils montrent qu'en Amérique latine il y a des gens de haut niveau qui peuvent être pape ou directeur de l'OMC et qu'il y a des pays qui sont capables d'organiser de grands événements sportifs», déclare à l'AFP l'ambassadeur du Brésil à Washington, Rubens Barbosa.

Loin de la «décennie perdue»

Le monde a été surpris en mars par l'élection du premier pape latino-américain qui se rendra au Brésil fin juillet pour les journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

«Plus de 45 % des catholiques sont latino-américains et ceux qui ne tiennent pas compte de ces chiffres sont distraits ou stupides. C'est en Amérique que va se décider l'avenir de l'Église catholique», affirme l'Uruguayen Carriquiry Lecour, secrétaire de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.

On est loin des années 80, «la décennie perdue» quand la région a subi une sévère crise économique, ou encore de la crise argentine de 2001. Aujourd'hui, l'Amérique latine affiche une bonne santé économique, bien meilleure que celle des nations développées.

«L'Amérique latine a beaucoup progressé au cours des dix dernières années, de nombreux pays ont connu la croissance, réduit leur niveau de pauvreté et sont de plus en plus actifs et influents sur la scène internationale», affirme à l'AFP Michael Shifter, président du Dialogue inter américain, un Centre d'études de Washington.

Le Fonds Monétaire international (FMI)a indiqué récemment que le PIB de l'Amérique latine et des Caraïbes passera de 3 % en 2012 à 3,4 % cette année, soutenu par une demande externe plus forte, des conditions de financement favorables et les effets positifs de politiques économiques plus souples appliquées dans certains pays.

Pour la zone euro, en revanche, le FMI prévoit une contraction de 0,3 % du PIB.

Le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique ont scellé une alliance des nations du Pacifique pour créer une zone de libre commerce et renforcer les échanges avec l'Asie, son moteur de croissance au cours des dernières années.

La région a également augmenté sa présence au sein du G20 des pays industrialisés et en développement alors que le Brésil est membre des BRICS, le groupe des grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

«Cela prouve que l'Amérique latine se porte très bien», assure à l'AFP David Fleischer, analyste politique et de relations internationales de l'Université de Brasilia.

Doutes sur le Venezuela

Mais en ces temps favorables, les gouvernements latino-américains doivent faire «les réformes nécessaires en éducation, infrastructure et justice, essentielles pour augmenter la productivité et la compétitivité» du pays, rappelle M.Shifter.

Les analystes soulignent que l'élection de M. Azevedo à la tête de l'OMC renforce le poids du Brésil à l'étranger, mais cela ne veut pas dire que cela apportera des bénéfices pour ce pays ou le reste de la région.

M. Azevedo devra relever le défi de débloquer les négociations du cycle de Doha sur la libéralisation du commerce international au point mort depuis des années.

Une autre ambition du Brésil est de devenir membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, un organisme que Brasilia souhaite voir réformé et élargi.

Mais il y a une exception à ce bon moment de la région, le Venezuela, où la situation après la mort du président Hugo Chavez en mars provoque des craintes d'instabilité politique.

«Notre grand doute est encore le Venezuela», souligne M. Fleischer.