Soumise à une stricte rigueur pour la quatrième année depuis le début de la crise, la Grèce commence à voir le bout du tunnel, s'accordent ses créanciers, UE et FMI, en dépit du niveau élevé de la dette publique.

Le Fonds monétaire international (FMI) a reconnu lundi que le pays «avait parcouru un long chemin» en matière de redressement de ses finances et que «l'enjeu majeur» restait «le rétablissement de la confiance» pour que le pays renoue avec la croissance.

Outre «les progrès accomplis pour surmonter des problèmes enracinés» et «les efforts» pour redresser son économie, le FMI note la nécessité de la poursuite des réformes structurelles» et surtout la lutte contre l'évasion fiscale où «très peu de progrès ont été enregistrés».

Ce constat vient s'ajouter aux prévisions économiques publiées vendredi par la Commission européenne qui tablent sur le retour du pays à la croissance en 2014, après six années de récession, en enregistrant un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,6%.

La Commission estime que le PIB grec devrait encore reculer de 4,2% cette année avant de repartir à la hausse en 2014 mais le chômage va rester très élevé, à 27% en 2013 avant un recul à 26,4% en 2014.

La grande inquiétude de l'UE et du FMI, qui ont sauvé la Grèce de la faillite grâce à des lignes de crédit d'un total de 240 milliards d'euros depuis 2010, reste le niveau «très élevé» de la dette grecque.

Selon les prévisions de la Commission, la dette grecque va atteindre 175,2% du PIB cette année et 175% l'an prochain. De son côté, le gouvernement grec n'exclut pas l'envol de la dette à 190% du PIB en 2014.

«La dette publique grecque reste très élevée» malgré les deux décotes déjà effectuées par les créanciers privés en 2012, relève le FMI en rappelant néanmoins que les Européens s'étaient engagés à accorder «davantage de soutien si besoin était».

En vertu de la décision des ministres des Finances de la zone euro en novembre 2012, Athènes pourrait demander, si nécessaire, une réduction supplémentaire de sa dette à ses bailleurs de fonds.

Selon l'objectif fixé alors, la Grèce doit ramener sa dette à 124% du PIB d'ici à 2020.

La dette étant détenue désormais par les secteurs officiels, le FMI s'est déjà déclaré en faveur d'une nouvelle restructuration de la dette via un effacement négocié avec les pays membres de la zone euro.

Toutefois, plusieurs pays de la zone euro, dont l'Allemagne où des élections doivent avoir lieu le 22 septembre, se sont montrés pour l'instant réticents à une telle opération.

Pour sa part, le gouvernement grec s'est dit récemment déterminé à réaliser «à tout prix», un excédent budgétaire primaire en 2013 (hors service de la dette) afin de pouvoir justifier une nouvelle restructuration de sa dette par les prêteurs institutionnels UE, BCE (Banque centrale européenne) et FMI.

Malgré la poursuite de la rigueur qui a fait croître la pauvreté et a entraîné un renforcement inédit des inégalités sociales, le gouvernement ne cesse d'aspirer à la reprise.

Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a assuré samedi dans un entretien au quotidien libéral «Frankfurter Allgemeine Zeitung» (FAZ) que la Grèce était sortie «du pire».

«Nous avons réussi plus des deux tiers des corrections budgétaires», a-t-il affirmé en se montrant confiant quant à l'obtention d'«un bon résultat» à la fin de l'année.

Quelques jours auparavant, le ministre s'était félicité du succès de la «première grande privatisation», la vente pour 652 millions d'euros de 33% de parts publiques du lucratif organisme de paris sportifs Opap au consortium gréco-tchèque Emma Delta, à la demande des créanciers.

Fin mars, le gouvernement et les hôteliers ont fait part de leur optimisme concernant le redémarrage du tourisme en été 2013 après la baisse de 5,5% du nombre de visiteurs en Grèce en 2012.