Tirant les leçons de l'affaire Cahuzac, Paris souhaite rendre automatique l'échange d'informations bancaires dans l'Union européenne, en s'appuyant sur une demande croissante de transparence, attestée par l'évolution de la position d'un Luxembourg longtemps réputé opaque.

Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances, a proposé dimanche la mise en place d'«un Fatca européen» (référence à une loi américaine appelée Fatca) qui permettrait «un échange d'informations automatique».

«C'est un des sujets fondamentaux de la réorientation de l'Europe», a renchéri un peu plus tard son ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, lors de l'émission radiotélévisée Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. «Les États-Unis ont réussi à le faire, nous devons être capables de le faire», a-t-il dit.

Le Fatca (Foreign Account Tax Compliance Act) est une loi américaine adoptée en 2010 qui vise à lutter contre l'évasion fiscale.

Elle impose aux établissements financiers étrangers de transmettre au fisc américain (IRS) des informations sur les comptes détenus par des contribuables américains (citoyens des États-Unis ou non): nom et adresse du titulaire, balance du compte, montant des retraits et des versements bruts...

Ces données doivent permettre au fisc de recouper les déclarations de revenus individuelles faites par les contribuables.

De son côté, dans une interview donnée vendredi à la radio Deutschlandfunk, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a annoncé que son pays allait s'engager pour une croisade internationale contre l'évasion fiscale.

«Nous nous sommes engagés en faveur d'une collaboration avec tous les autres... Nous devons renforcer la pression», a-t-il déclaré.

La France et l'Allemagne feront d'ailleurs une proposition sur le blanchiment d'argent dans les prochains jours, a annoncé M. Moscovici.

Il faut dire que l'affaire de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac - qui a reconnu détenir un compte non déclaré à l'étranger après des mois de mensonges - et le début des révélations de l'«Offshoreleaks» d'une trentaine de médias internationaux sur les paradis fiscaux, ont marqué les esprits.

Une nouvelle révélation est d'ailleurs venue enfoncer le clou dimanche, la télévision publique suisse (RTS) affirmant que Jérôme Cahuzac a tenté de placer 15 millions d'euros en Suisse en 2009.