Plus de deux ans après avoir obtenu un plan de sauvetage de 67 milliards, l'Irlande va mieux et pourrait se passer du soutien européen d'ici la fin de 2013. Le chômage reste cependant élevé.

Le «bon élève de l'Europe»... Un «modèle» pour la zone euro...

L'Irlande s'attire de plus en plus d'éloges qui, malgré certains bémols, nourrissent l'espoir en Europe en ces temps de déprime.

Classé parmi les éclopés du Vieux Continent - surnommés les «PIGS» (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) -, l'ancien tigre celtique montre de nouvelles griffes à la faveur d'une timide reprise qui s'accélère.

L'Irlande a enregistré une croissance économique de 0,9% en 2012, sa deuxième année positive après trois ans de récession.

Or, les dernières prévisions de la Commission européenne placent l'économie irlandaise en tête des 17 pays de la zone euro pour les deux prochaines années, avec une croissance prévue de 1,1% en 2013 et 2,2% en 2014. Le reste de la zone euro continue de se contracter, avec un recul prévu de 0,3% cette année.

Botox, beurre et techno

Comme par le passé, la petite économie nordique est tirée par ses exportations, qui ont progressé de 3% l'an passé pour revenir à leur niveau d'avant-crise de 2007.

Les entreprises locales retrouvent leurs marchés de prédilection à l'extérieur du pays, notamment dans l'alimentation, le secteur pharmaceutique et les technologies. Les sociétés étrangères déjà implantées au pays, dont Allergan - le manufacturier du Botox -, Oracle et IBM, ainsi que les producteurs domestiques de beurre et de produits alimentaires augmentent leurs exportations.

Si bien que l'Irlande doit importer une main-d'oeuvre qualifiée, quelque 53 000 travailleurs étrangers étant entrés au pays depuis un an, selon Bloomberg. Le reste de l'Europe n'en revient pas.

Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso ne cache pas son admiration: «L'économie irlandaise a amorcé un virage net», a-t-il clamé il y a quelques jours.

De plus, le déficit budgétaire, s'il demeure le plus élevé de la zone euro, recule chaque année à la vitesse promise par Dublin. Si bien que les termes du plan de sauvetage de 67 milliards US, accordés par la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) en 2008, devraient être assouplis et le pays volera de ses propres ailes à la fin de 2013.

En somme, le brouillard se dissipe dans le petit pays pluvieux.

Cure douloureuse et chômage

Après une chute de 15% de leur économie de 2007 à 2010, les Irlandais ont cependant dû subir une cure douloureuse pour en arriver là.

Huit plans d'austérité budgétaire en cinq ans. Une forte baisse des salaires (publics comme privés). Sauvetage à grands frais des banques. Des prix immobiliers divisés de moitié... Tout ça, pour rendre le pays plus compétitif.

Contrairement à ce qui se passe en Angleterre, en Grèce et en Espagne, l'austérité à la sauce irlandaise donne de bons résultats. Visiblement, l'Irlande a des atouts que ses partenaires européens n'ont pas, dont et surtout un faible taux d'imposition des entreprises, qui attire les multinationales.

Maintenu contre vents et marées par le gouvernement à 12,5%, l'impôt des sociétés est de loin le plus bas d'Europe. Sans oublier que le coût du travail (le salaire) a été abaissé de 22%, selon des chiffres publics.

Attirées aussi par une main-d'oeuvre qualifiée et des loyers de bureaux avantageux, les multinationales affluent. En 2011, près de 150 entreprises étrangères ont créé 13 000 emplois, selon une étude de la banque KBC, de Dublin.

«Les derniers chiffres sont inégaux, mais ils montrent qu'après avoir touché le fond, l'économie nationale remonte progressivement», affirme Austin Hughes, économiste à la KBC.

Reste que le bon élève irlandais ne présente pas un bulletin parfait, loin de là.

Le chômage demeure toujours élevé, à 14,2% de la population active, et l'exode de jeunes demeure un problème majeur.

L'effondrement de l'immobilier, qui a perdu en moyenne 48% de sa valeur depuis 2007, laisse des centaines de milliers de personnes incapables de rembourser leurs emprunts contractés pendant les années folles, déplorent les organisations sociales et syndicales.

Sans compter que la consommation demeure atone, la construction est en panne et l'austérité budgétaire va continuer jusqu'en 2015, au moins.

Verre à moitié vide ou verre à moitié plein l'Irlande? Le débat se poursuit de l'autre côté de l'Atlantique.

Mais dans une Europe toute grise ces jours-ci, l'île celtique peut au moins profiter d'un printemps verdoyant.

En chiffres:

+1,1% et 2,2%: prévisions de croissance, pour les deux prochaines années, de l'économie irlandaise par la Commission européenne, qui place l'Irlande en tête de la zone euro à ce chapitre.