L'implantation de Bombardier Aéronautique au Maroc, c'est comme l'arrivée d'une star dans une équipe de soccer: ça donne de la crédibilité à toute l'équipe.

L'image est de Benoît Martin-Laprade, directeur général de l'usine d'Aircelle à Nouaceur, en banlieue de Casablanca.

«Le fait de voir un poids lourd s'installer, ça donne un rayonnement supplémentaire à ce qui se fait au Maroc, affirme-t-il. Ça crédibilise toute la filière aéronautique.»

Pour le directeur des investissements de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), Ahmed Fassi Fihri, Bombardier Aéronautique jouera carrément le rôle de locomotive, comme Renault l'a fait en ouvrant une usine à Tanger.

«Avant même que la première voiture ne sorte, tout un tissu d'équipementiers est venu s'installer», souligne-t-il.

Le chef de la direction adjoint de la zone franche Midpark, Chakib Khalifa, voit aussi Bombardier comme un moteur.

«Bombardier va souhaiter que ses fournisseurs soient à côté de lui, déclare-t-il. Ça va nous aider dans notre travail.»

Les fournisseurs de Bombardier déjà présents dans la région de Casablanca, comme le fabricant de nacelles Aircelle et l'entreprise d'usinage SERMP, se frottent les mains.

«Ça ne peut être que bénéfique», indique M. Martin-Laprade.

Aircelle Maroc fabrique notamment des inverseurs de poussée pour les biréacteurs d'affaires Global de Bombardier. L'usine vient également de terminer des capots de soufflante pour les deux premiers avions d'essai du Learjet 85.

De son côté, SERMP, une filiale du Groupe Piston français, a obtenu récemment un contrat pour l'assemblage de pièces du système de sortie de volet du biréacteur régional CRJ1000. L'assemblage est un nouveau type d'activités que SERMP essaie de développer.

L'installation de Bombardier à proximité devrait constituer un avantage pour la petite entreprise, qui entend bien tenter d'obtenir d'autres mandats.

«Cela fait partie de notre stratégie commerciale», sourit Adel Bidaoui, directeur général de SERMP.

Pour sa part, Ratier-Figeac Maroc (RFM), une filiale d'United Technologies Corporation, espère que la venue de Bombardier permettra de renforcer la chaîne d'approvisionnement locale.

«J'espère que ce ne sera pas le dernier gros joueur à s'installer ici, il y a de la place», lance Christophe Delqué, responsable du site RFM.

Quelques craintes

Le président de la société de confection de harnais électriques Matis, Sébastien Jaulerry, est également ravi de l'arrivée de Bombardier. Il a toutefois certaines préoccupations.

«Je compte sur le GIMAS (Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales) pour que Bombardier ne vienne pas nous dépouiller de nos ressources», exprime-t-il.

Il raconte que lorsqu'il était posté en Inde pour Safran, il avait été inquiet en voyant le géant EADS (la société mère d'Airbus) s'installer dans les environs.

«J'ai mis le grappin sur le directeur général et je lui ai dit: je vous aide, mais vous ne nous débauchez personne, poursuit-il. Il faudra faire quelque chose comme ça avec Bombardier.»

Hugo Brouillard, le directeur général du Centre manufacturier de Bombardier Aéronautique au Maroc, s'empresse de rassurer M. Jalaury.

«Nous avons un concept d'engagement d'honneur, affirme-t-il. Notre but n'est pas d'aller prendre la main-d'oeuvre des autres installations. Nous travaillons avec l'Institut des métiers de l'aéronautique pour développer notre propre base.»