Le négociateur en chef du gouvernement du Québec dans le dossier du libre-échange avec l'Union européenne (UE), Pierre Marc Johnson, continue de croire qu'une entente est possible au cours des prochains mois malgré les nombreuses embûches qui subsistent.

Au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne, mardi, l'ancien premier ministre a reconnu que la ronde de négociations de la semaine dernière, à Ottawa, a permis de constater «qu'il y a des écarts encore importants dans certains secteurs qui vont déterminer en bonne partie l'ambition de l'entente, s'il doit y en avoir une». Mais il n'y a pas encore de «constat d'échec», a-t-il tenu à souligner.

Les négociations n'étaient pas assez «mûres» pour permettre au ministre canadien du Commerce international, Ed Fast, et au commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, qui se sont rencontrés mercredi dernier dans la capitale fédérale, de trancher les questions les plus délicates, a précisé M. Johnson.

Ces questions - les quotas d'exportation de fromage européen au Canada, l'ouverture des marchés européens du boeuf, du porc et de l'automobile aux produits canadiens et les brevets pharmaceutiques canadiens - devront par conséquent être arbitrées lors d'une prochaine rencontre politique, qui serait la troisième depuis le début des négociations, en 2009.

Bien sûr, les deux parties devront accepter de faire des compromis si elles veulent en arriver à une entente. Il serait toujours possible d'écarter tout bonnement les sujets les plus problématiques, mais les négociateurs demeurent pour l'instant optimistes de ne pas avoir à sabrer dans le «degré d'ambition» du futur traité, a indiqué Pierre Marc Johnson.

Celui-ci croit par ailleurs savoir que MM. Fast et De Gutch ont «réussi à déterminer des zones d'atterrissage» pour les enjeux moins litigieux que sont les limites aux investissements étrangers, la protection des investisseurs, l'encadrement des pratiques commerciales des monopoles d'État et les affaires culturelles. Les fonctionnaires devraient donc pouvoir régler eux-mêmes ces questions.

M. Johnson estime donc tout à fait envisageable la conclusion d'un accord au cours des prochains mois, mais il refuse de s'avancer plus précisément. Les négociateurs canadiens et européens doivent s'entendre cette semaine sur un nouveau calendrier de travail.

Une chose est sûre, tant à Ottawa qu'à Bruxelles, on décryptera attentivement le discours sur l'état de l'Union prononcé mardi soir par le président américain Barack Obama. Si celui-ci évoque un libre-échange entre les États-Unis et l'UE, les négociateurs canadiens et européens voudront probablement appuyer sur l'accélérateur pour éviter d'être marginalisés par l'intérêt soudain des États-Unis.