Un sommet crucial pour l'avenir de l'Europe réunit jeudi les dirigeants de l'UE, appelés à renoncer à leurs égoïsmes nationaux pour doter le budget européen des moyens suffisants pour financer des investissements créateurs d'emplois jusqu'en 2020.

La partie est loin d'être jouée et tout le monde s'attend à de longues et difficiles négociations jusqu'au bout de la nuit de jeudi à vendredi, voire jusqu'à samedi.

Elles risquent de faire passer à la trappe les autres sujets inscrits à l'ordre du jour du sommet des chefs d'État et de gouvernement.

«Si le temps nous est donné», le président François Hollande voudrait parler avec ses pairs de la situation au Mali, après l'intervention des forces françaises. Les dirigeants européens devraient également parler de la stratégie pour aider au suivi des Printemps arabes, et évoquer les accord de libre-échange à négocier, notamment avec les États-Unis.

Il faudrait pour cela que les 27 s'entendent rapidement sur le budget européen. «Il y a urgence à trouver un accord», a averti le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, dans sa lettre d'invitation.

Il va mettre sur la table une nouvelle proposition dès l'ouverture du sommet. L'enveloppe serait de 960 milliards d'euros pour les crédits d'engagement, qui correspondent au plafond autorisé, et de 900 milliards d'euros pour les crédits de paiement, soit les dépenses effectives. La taille est sévère: 13 milliards en moins sur les engagements et 43 milliards en moins pour les paiements par rapport à sa proposition de novembre.

C'est ce que demandait le premier ministre britannique David Cameron, qui ne raisonne qu'en termes de crédits de paiement, plus compréhensibles pour les citoyens. C'est également ce que souhaitait la chancelière allemande Angela Merkel.

Les coupes vont porter sur l'enveloppe destinée aux projets d'infrastructures, les frais de fonctionnement des institutions, les moyens d'action du controversé Service d'action extérieure, mais aussi sur les budgets pour la Recherche et l'Innovation, l'aide au développement et l'aide destinée aux citoyens européens les plus pauvres.

Le Parlement européen a dit non. François Hollande, venu présenter mardi sa vision de l'Europe aux députés, a été mandaté pour refuser un tel compromis. «Vous demandez à un socialiste d'empêcher les conservateurs de faire un mauvais budget», a-t-il lancé aux élus du Parti populaire européen, qui l'avaient invité à user de son droit de veto. «Mais mon devoir est de rechercher un compromis», a-t-il expliqué.

Toute la négociation jeudi va consister à remonter la proposition de M. Van Rompuy afin de trouver un équilibre entre les positions les plus radicales et les lignes rouges du Parlement européen.

Un accord est donné pour certain. Outre l'image désastreuse pour l'Europe, un nouvel échec ferait des perdants, à commencer par l'Allemagne qui joue un milliard d'euros, soit le montant du rabais obtenu sur sa contribution pour la période 2007-2013.

La France et le Royaume-Uni en revanche pourraient se satisfaire d'une absence d'accord. Le rabais obtenu par Londres est inscrit dans les traités. Pour Paris, ce serait l'assurance de conserver le même niveau pour les aides agricoles, ce qu'elle n'a pas obtenu avec le projet de compromis sur la table.