Vêtue d'un manteau d'hiver Prada rapporté d'une escapade à Milan, aux motifs noir et orange en forme de diamants, Jennifer Ren est emblématique des «nouveaux riches» chinois.

Pour cette femme de 27 ans qui organise des salons professionnels, les sacs Dior, les parfums Chanel et les colliers Van Cleef & Arpels font partie du quotidien.

«Les articles de luxe sont devenus une partie essentielle de ma vie», explique Jennifer, qui ne gagne qu'un peu plus de 700 euros par mois, mais bénéficie d'un soutien financier quasiment illimité de sa mère, une femme d'affaires qui a fait fortune.

«Une fois que vous avez commencé à en acheter, il devient difficile de revenir à des articles plus bas de gamme», ajoute-t-elle.

Les dispendieux consommateurs chinois comme elle sont une aubaine pour les grandes marques du luxe.

Leurs ventes en Chine ont fait un bond spectaculaire de 56% en 2011, après une hausse de 35% en 2010, selon une étude réalisée par CLSA Asia-Pacific.

Ce fonds d'investissement s'attend à ce que cette croissance ralentisse, mais prédit tout même une hausse moyenne du marché de 20% par an d'ici la fin de la décennie.

Au total, les Chinois assurent désormais à eux seuls 25% des dépenses de produits de luxe dans le monde. Ils constituent ainsi la nationalité la plus consommatrice en la matière devant les Américains, selon une étude publiée en décembre par le cabinet Bain & Company.

En 2012, la hausse du marché du luxe en Chine a été limitée par une croissance moins rapide de l'économie dans son ensemble et une campagne contre la pratique des cadeaux offerts par les hommes d'affaires aux officiels, un moyen privilégié de tisser des réseaux de relations, même à des niveaux subalternes.

En Chine continentale, les ventes de produits de luxe n'ont augmenté que de 7% cette année, car près des deux tiers des Chinois vont acheter leurs sacs, montres ou parfums à l'étranger ou à Hong Kong, où ils sont moins chers.

Malgré tout, les fabricants de luxe voient un énorme potentiel dans la deuxième économie mondiale, dont la classe moyenne grandit rapidement tandis que l'Europe est frappée par la crise de la dette, que l'économie américaine continue à montrer des signes de faiblesse et que la croissance au Japon reste anémique.

Les ménages chinois disposant d'un revenu net après impôts compris entre 12 000 et 26 000 euros par un an devraient passer de 14 millions en 2010 à 167 millions en 2020, selon le consultant McKinsey.

Anticipant un boom dans la capitale économique du pays, Louis Vuitton a ouvert en juillet à Shanghai un magasin sur quatre étages, son plus grand dans le monde, pour vendre bijoux, vêtements, maroquinerie et autres accessoires.

En novembre, la marque Coach, basée à New York, a ouvert une version en langue chinoise de son magasin en ligne.

Le groupe PPR, propriétaire entre autres des marques Gucci et Yves Saint Laurent, a annoncé en décembre l'acquisition du bijoutier chinois Qeelin pour un montant resté confidentiel.

«Il y a beaucoup de raisons d'être optimiste, car les fondamentaux pour une prospérité croissante restent en place», a déclaré à l'AFP Claudia D'Arpizio, associée chez Bain & Company.

Et alors que les goûts des Chinois se diversifient, le marché va devenir plus complexe.

Kevin Liu, un responsable du marketing à Pékin âgé de 25 ans, affirme qu'il n'achète pour lui même que des articles moins onéreux visant des marchés de niche. Mais lorsqu'il est invité à un mariage, les marques classiques comme Gucci restent de rigueur.

«C'est une façon rationnelle de dépenser son argent», d'après lui.