La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, assure que le «mur budgétaire» qui se profile aux États-Unis menace la suprématie du pays et risque de peser sur une reprise mondiale encore «fragile», dans un entretien sur BBC World News diffusé vendredi.

«La véritable question en jeu est d'une certaine manière la suprématie des États-Unis et leur direction dans le monde», a-t-elle déclaré au sujet du «mur budgétaire», la cure d'austérité à laquelle le pays sera soumise si un accord politique sur la dette n'est pas trouvé d'ici à la fin de l'année.

«Pour faire en sorte que la direction (des États-Unis) perdure, l'incertitude doit être levée parce que l'incertitude alimente des doutes sur cette direction», a-t-elle insisté.

L'administration Obama et la majorité républicaine à la Chambre des représentants sont engagées dans de laborieuses tractations qui doivent aboutir avant la fin de l'année pour éviter l'entrée en vigueur de baisses d'impôts et de coupes dans les dépenses qui pourrait replonger le pays dans la récession.

«Ce n'est pas simplement un problème politique, ce n'est pas idéologique, c'est plus vaste que ça. Ça remet véritablement en cause le rôle des États-Unis dans le monde d'un point de vue économique et géopolitique», a déclaré la patronne du FMI, selon des extraits de cet entretien.

Selon Mme Lagarde, la direction des États-Unis leur permet ainsi d'emprunter sur les marchés à des taux qui n'ont jamais été «aussi bas» alors que certains fondamentaux de son économie ne sont «pas bons».

«Le déficit est très haut, plus haut aux États-Unis que dans la zone euro (et) la dette est très élevée, plus élevée que dans la plupart des pays de la zone euro, notamment la France et l'Allemagne», a pointé Mme Lagarde.

Si le mur budgétaire n'est pas évité, la patronne du FMI assure par ailleurs qu'il y a aura un «effet de contagion» dans d'autres pays du monde.

«Les États-Unis ont souvent été un moteur de croissance et le fait d'avoir un acteur aussi important en stagnation, voire en récession, serait une très mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale», a-t-elle souligné.

«Nous n'avons pas besoin de ça en ce moment parce que (...) la reprise est fragile» sur le globe, a-t-elle ajouté.