L'agence Standard and Poor's a placé mercredi la Grèce en situation de «défaillance partielle», à un cran seulement du défaut de paiement, à l'heure où le pays est engagé dans un complexe programme de rachat de sa dette visant à débloquer l'aide de ses bailleurs de fonds.

Concrètement, l'agence a abaissé à «SD» (selective default) la note d'endettement à long terme du pays, qui était jusque-là de «CCC» et était déjà synonyme d'un vrai risque de non-remboursement.

Pour justifier cette évaluation, l'agence de notation mentionne l'opération que la Grèce a lancée lundi, conformément à l'accord conclu le 27 novembre par ses bailleurs de fonds publics (Union européenne et Fonds monétaire international) pour alléger sa faramineuse dette.

L'opération, dont les premiers résultats devraient être connus le 13 décembre, consiste pour la Grèce à racheter une partie de sa dette à prix cassés auprès d'investisseurs privés, afin de ramener son endettement à 124% de son produit intérieur brut en 2020 contre près de 170% prévu cette année.

«Cette proposition est lancée sous la contrainte» et «implique que les investisseurs recevront moins d'argent que ce qui leur était promis», juge Standard and Poor's, concluant que cette opération constitue, «selon ses critères», un défaut de paiement partiel.

Dans son communiqué, l'agence assure toutefois qu'elle pourrait bien rehausser la note de la Grèce une fois ce programme achevé.

«Quand le programme de rachat de la dette par la Grèce sera terminé (...), nous considérerons probablement que le défaut partiel sera résolu et nous pourrions remonter la note d'endettement de la Grèce à CCC», assure Standard and Poor's.

«Devoir patriotique»

C'est ce qui s'était passé au printemps, lorsque les créanciers privés avaient effacé 107 milliards d'euros de dette grecque. S&P avait abaissé la note de la Grèce à «SD» le 27 février et l'avait relevée à «CCC» le 2 mai.

L'issue du programme actuel demeure toutefois incertaine.

Le FMI a déjà prévenu qu'il attendrait les premiers résultats pour se prononcer sur le déblocage de la nouvelle tranche d'aide en faveur de la Grèce, bloquée depuis de longs mois par les tractations entre Athènes et ses créanciers.

De son côté, le ministre grec des Finances Yannis Stournaras a souligné que le pays avait «un devoir patriotique» de réussir l'opération, dans un appel aux banques grecques à y participer, mais il a affirmé que les bailleurs de fonds du pays disposaient, en cas d'échec, d'«un plan B».

L'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente les grandes banques mondiales, a lui aussi relevé que l'issue du rachat restait «incertaine» et appelé l'Union européenne et le FMI à faire «plus de concessions».

Les Européens se refusent pour l'heure à effacer purement et simplement la dette de la Grèce mais beaucoup d'acteurs du dossier jugent cette mesure inévitable à terme pour ramener la dette de la Grèce à un niveau «supportable».

Opposante de longue date à cette hypothèse, la chancelière allemande Angela Merkel a esquissé récemment un infléchissement en n'excluant plus un effacement de la dette de la Grèce dans quelques années.

«Si la Grèce arrive un jour à s'en sortir avec ses recettes sans contracter de nouvelles dettes, alors on doit regarder et évaluer la situation», a-t-elle déclaré dimanche avant de préciser le lendemain qu'elle ne l'envisageait pas «maintenant».