La zone euro et les autres créanciers publics de la Grèce, FMI et BCE, veulent enfin aboutir lundi à un accord sur les moyens de réduire la dette grecque, préalable au versement d'une aide financière gelée depuis des mois et vitale pour le pays dont les finances sont à sec.

Les ministres des Finances de la zone euro se sont retrouvés en milieu de journée à Bruxelles, pour la troisième fois en deux semaines, en présence de la directrice générale du FMI Christine Lagarde et du président de la BCE, Mario Draghi.

«La Grèce a fait ce qu'elle avait à faire, maintenant c'est au tour de l'Eurogroupe et du FMI de faire leur devoir», a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Il est «essentiel que nous puissions prendre une décision dans la journée sur le versement» d'une tranche d'aide d'un minimum de 31,2 milliards d'euros à Athènes, a-t-il ajouté.

«Un accord est pratiquement finalisé, il reste quelques centimètres à parcourir», a assuré le ministre français des Finances Pierre Moscovici, à son arrivée à Bruxelles. «Si tout le monde est raisonnable, nous pouvons le faire et devons le faire assez vite», a-t-il ajouté.

Mais Mme Lagarde s'est montrée moins optimiste. «On va essayer de travailler à une solution qui soit crédible pour la Grèce, c'est ce qui est important», s'est-elle contenté de déclarer.

Les ministres de l'Eurogroupe s'étaient déjà entretenus par téléphone samedi pour tenter d'aplanir leurs différends. En outre, la zone euro et le FMI s'opposent sur les moyens de réduire la dette grecque, qui devrait atteindre 190% du PIB en 2014, un niveau insoutenable.

Le FMI prône un effacement d'une partie de la dette grecque détenue par ses créanciers publics, sur le modèle de ce qu'ont accepté de faire les banques début 2012. Une solution que rejette fermement l'institut monétaire et certains pays, au premier rang desquels l'Allemagne.

«Je suis contre cet effacement de dette et je veux trouver une autre solution», a déclaré Angela Merkel vendredi. Pour autant, la chancelière allemande s'est montrée optimiste. «J'ai beaucoup d'espoir que nous puissions résoudre la question des tranches d'aide à la Grèce» lundi, a-t-elle dit.

Le président français François Hollande a dit son espoir de trouver une solution lundi, mais a prévenu qu'il n'y aurait pas de nouveau prêt à la Grèce. «Nous n'allons pas perdre de l'argent, il n'y aura pas d'argent budgétaire supplémentaire», a-t-il affirmé vendredi.

La zone euro pourrait être désunie sur ce point: selon des sources européennes citées par la presse allemande, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble se serait montré ouvert à un effacement partiel, lors d'une réunion à huis clos la semaine dernière.

Des représentants de la zone euro ont aussi évoqué la semaine dernière à Paris un effacement partiel de la dette grecque à l'horizon 2015, selon les journaux Welt am Sonntag et Der Spiegel dimanche.

Pour réduire la dette grecque, sans en passer par un effacement («haircut»), les ministres de l'Eurogroupe semblent d'accord sur un paquet de mesures.

Ils ont décidé de réduire les taux d'intérêt des prêts bilatéraux déjà consentis à Athènes, sans fixer pour l'instant de nouveaux taux, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP. Ils ont également décidé de rétrocéder à la Grèce au moins une partie des gains réalisés par les banques centrales nationales et la BCE sur les obligations grecques qu'elles détiennent.

Autre mesure retenue: le rachat de dette grecque par le pays. C'est l'option que privilégie Berlin, mais il faudra d'abord accroître les garanties du fonds de sauvetage de la zone euro (FESF) jusqu'à 10 milliards, afin de permettre à la Grèce de racheter sa dette à des investisseurs privés.

Reste à savoir si l'institution de Washington sera d'accord avec cet ensemble de mesures qui, pour l'instant, ne permet pas de ramener l'endettement de la Grèce à 120% du PIB en 2020. Selon une source ministérielle grecque, le FMI pourrait accepter que la dette soit réduite à seulement 124% du PIB en 2020.